Après une interview du sélectionneur évoquant son forfait au Mondial, l’attaquant madrilène a vivement répliqué, le traitant de menteur.
Pour la première fois depuis la Coupe du monde, Didier Deschamps s’est confié dans une longue interview, confiée au Parisien. Sa prolongation à la tête des Bleus, la finale contre l’Argentine, la démission de Noël Le Graët… Le sélectionneur aborde de nombreux sujets.
Deschamps se confie sur le départ de Benzema au Qatar
Parmi lesquels, le cas de Karim Benzema, parti au Qatar avec l’équipe de France, avant de renoncer à quelques jours du début du tournoi.
Deschamps est notamment revenu sur sa discussion avec KB9 le soir de son forfait : « Je perds un joueur très important, un de plus. Je me dois d’encaisser. Karim est meurtri car cette Coupe du monde représentait beaucoup pour lui. Il me dit : C’est mort. »
L’attaquant quittera l’hôtel des Bleus au plus vite. « En le quittant je lui dis : Karim, il n’y a pas d’urgence. Tu organises ton retour avec le team manager. En me réveillant, j’apprends qu’il est parti. C’est sa décision, il ne vous dira pas le contraire, je la comprends et la respecte. »
Le sélectionneur s’est également défendu d’un potentiel malaise autour de la situation du Ballon d’Or, meilleur buteur des Bleus lors de l’Euro : « Pas du tout. Aucun joueur ne s’est réjoui de son départ comme j’ai pu l’entendre ou le lire. Karim le sait aussi. »
Les deux hommes ont récemment échangé au sujet de l’avenir, mais Benzema ne reviendra pas porter le maillot frappé du coq. « Il m’a confirmé sa décision d’arrêter sa carrière internationale, poursuit DD. Ne me demandez pas ses arguments. Il lui appartiendra de les communiquer ou pas. »
« Menteur ! » La riposte de Benzema
Des déclarations qui n’ont pas tardé à faire réagir le principal intéressé, lequel avait déjà sous-entendu que la vesrion des faits officielle n’était pas complètement exacte.
Une réponse postée dans une story Instagram en deux temps, soulignant d’abord « l’audace » de DD.
Avant un message vidéo encore plus explicite : « Menteur ! Oui, toi, menteur. Tu mens. Tu es un gros menteur. »
Un message vidéo accompagné de la légende suivante : Sacré Didier, bonne nuit ».
La France, l’Allemagne et le Portugal, tous sortis du « groupe de la mort » de l’Euro 2021, ont été éliminés dès les huitièmes de finale, respectivement par la Suisse, l’Angleterre et le Portugal.
En novembre 2019, à Bucarest en Roumanie, le tirage au sort de l’Euro 2020 (finalement joué en 2021) n’avait pas épargné la France, l’Allemagne et le Portugal. Le hasard plaçait les trois derniers vainqueurs des grandes compétitions internationales (Coupe du monde 2014 pour l’Allemagne, Euro 2016 pour le Portugal, Coupe du monde 2018 pour la France) dans le même groupe, ce qui n’était jamais arrivé.
Le groupe F, désigné « groupe de la mort », c’était la promesse, pour les téléspectateurs, de voir de belles affiches dès le début de la compétition, mais un casse-tête pour les sélectionneurs. Il fallait être prêt dès le départ, trop tôt peut-être pour aller au bout. Car les cadors sont programmés pour monter en puissance durant la compétition, pour arriver dans un état de forme optimal à partir des quarts de finale.
Organismes éprouvés
S’il n’a tué personne, puisque les trois équipes se sont qualifiées pour les 8es de finale, l’influx nerveux et physique demandé dès l’entame de la compétition aura été fatal dès la phase à élimination directe. Comme si le groupe n’était déjà pas assez relevé, le deuxième et le troisième ont croisé la route de l’Angleterre, chez elle à Wembley, et de la Belgique, numéro 1 au classement Fifa. Quand d’autres huitièmes offraient des oppositions moins « huppées », entre le Danemark et le Pays de Galles ou entre la Suède et l’Ukraine.
Seule la France, en théorie, semblait épargnée, même si elle a probablement hérité du pire meilleur troisième en croisant la route de la Suisse, une sélection toujours très difficile à jouer et 13e au classement internationale.
Paradoxalement, c’est le Portugal, troisième du groupe, qui a finalement été le plus proche de se qualifier. Les coéquipiers de Cristiano Ronaldo ont eu de nombreuses occasions, la possession, mais ont parfois manqué de lucidité dans le dernier geste, de chance aussi, de fraîcheur physique sûrement. Pas étonnant. Les organismes ont été mis à rude épreuve. Les Portugais, comme les Français, ont joué deux de leurs trois rencontres à Budapest, le seul stade de l’Euro sans restrictions de spectateurs, sous une chaleur étouffante. Ce n’est pas la même chose de jouer sous 35 degrés en Hongrie, que par 15 degrés à Londres ou à Amsterdam.
Hormis leur confrontation, elles ont également joué leur rencontre à l’extérieur, à Munich contre l’Allemagne, à Budapest contre la Hongrie. Et comme si tout cela ne suffisait pas encore, les trois équipes ont compté deux à trois jours en moins de récupérations.
Problème d’équité
Ce constat posé, il était donc difficilement envisageable pour les trois équipes d’aller loin dans la compétition, même si les Français semblaient avoir fait le plus dur contre la Suisse en menant 3-1 à dix minutes de la fin. Le manque de fraîcheur physique était flagrant dimanche pour le Portugal, lundi pour la France, mardi pour l’Allemagne. Évidemment, cela n’enlève en rien la prestation des Belges, des Suisses et des Anglais. Mais eux n’ont pas eu à jouer des finales dès la phase de poule. L’Euro dans onze pays a ses bons côtés, mais également ses mauvais, notamment sur le plan de l’équité.
Didier Deschamps doit-il rester sélectionneur des Bleus ?
L’histoire avait commencé pour les Bleus à Bucarest un soir de novembre 2019 par un coup du sort. Elle s’est terminée un soir de Juin 2021 à Bucarest par la loterie des tirs au but. La boucle est bouclée.
EURO 2020 – L’histoire de Karim Benzema avec l’équipe de France est tourmentée. De ses débuts réussis à son éclipse de cinq ans et demi, le Madrilène n’a jamais pesé sur le destin des Bleus comme son talent l’y invitait. A 33 ans, une inattendue seconde chance lui est offerte. L’occasion de marquer enfin de son empreinte la sélection.
Tout avait bien commencé. A la pause de France – Autriche en ce 28 mars 2007, Karim Benzema remplace Djibril Cissé pour sa première sélection. Huit minutes plus tard, il inscrit le seul but du match sur une passe de Samir Nasri, un autre nouveau venu. Une mise en orbite réussie pour le nouvel astre de l’équipe de France qui incarne déjà la nouvelle génération. Celle qui doit succéder aux Bleus de Zinedine Zidane, vice-champions du monde quelques mois plus tôt. Mais rien ne sera rectiligne dans la trajectoire de Benzema en équipe de France. Quatorze ans sont passés et la marque du Madrilène en Bleu est dérisoire au regard de son talent et de son parcours en club.
Mbappé, Benzema, Griezmann ? « Plus belle promesse de l’Euro, plus grand danger pour les Bleus »
Vingtième joueur le plus sélectionné de l’histoire avec 81 capes malgré un trou de cinq saisons, Benzema a connu deux grands rendez-vous avec l’équipe de France. D’abord son but face à l’Ukraine lors des barrages à la Coupe du monde 2014 qui fut le moment le plus important de son histoire en sélection. Puis ce premier tour réussi (trois buts) au Brésil à l’issue duquel il fut élu meilleur joueur des phases de poule. Le reste navigue entre le bon, le moyen et le médiocre. Hormis le Mondial 2014, ses grands tournois internationaux virent au fiasco. En 2008, alors qu’il est la nouvelle sensation des Bleus, ses titularisations face à la Roumanie et l’Italie ne donnent rien.
Comment intégrer Benzema dans le onze des Bleus ?
IL A RAREMENT ÉTÉ LE SAUVEUR QUE LA FRANCE ATTENDAIT
En 2012, alors qu’il est encore celui qui doit sortir les Bleus du précipice post-Knysna, il rate sa compétition. Malgré deux passes décisives et une place de titulaire indiscutable, il n’inscrit aucun but. La compétition est tout à la fois un échec collectif et personnel. Mais Didier Deschamps, comme Laurent Blanc avant lui, ne cède pas face à la pression médiatique et populaire et maintient Benzema en pointe malgré une terrible disette personnelle de 1222 minutes sans marquer. Si Olivier Giroud commence à constituer une alternative crédible, Benzema reste un homme de base, un membre incontournable de la colonne vertébrale de la première partie de mandat de Didier Deschamps.
Son 8e de finale (Nigeria) et son quart de finale (Allemagne) ratés au Mondial 2014 n’y changeront rien. Deschamps lui confie même pour la première et seule fois de sa carrière le brassard de capitaine en mars 2015. La confiance du sélectionneur lui sera indéfectible jusqu’à sa dernière, et non plus ultime, sortie face à l’Arménie en octobre. L’affaire de la sextape et ses déclarations dans Marca braqueront Deschamps jusqu’à ce mardi.
BENZEMA N’A JAMAIS CONNU UNE ÉQUIPE DE FRANCE EN POSITION DE GAGNER
L’histoire reprend au moment même où elle semblait scellée et offre une deuxième chance, pour ne pas dire une deuxième vie, à Benzema en équipe de France. Tout a changé, le voilà entouré de champions du monde. Il n’a jamais connu une telle dynamique, un environnement aussi apaisé et une équipe de France capable de remporter un tournoi. Dans toute sa carrière en sélection, il a oscillé entre des Bleus en construction, en reconstruction ou en pleine dérive.
Alors qu’il n’est plus le sauveur ou celui qui doit faire changer son équipe de dimension, les attentes seront moins lourdes sur ses épaules que lors de son premier mandat même si son retour soulève une folle excitation. Il n’est plus le leader ni la figure centrale mais un membre, forcément important, d’un collectif qui a déjà prouvé, sans lui, qu’il pouvait régner sur le monde. Et c’est sans doute ce qui pouvait lui arriver de mieux.
L’EURO AVANT LE QATAR ?
A 33 ans, il peut désormais espérer disputer l’Euro mais aussi la Coupe du monde au Qatar. Comment l’histoire va-t-elle se terminer ? C’est tout l’enjeu de ce retour inattendu. Alors qu’à 20 ans son aventure s’annonçait rectiligne et son destin tout tracé en sélection, il lui faudra attendre ses 33 ans pour faire basculer son destin chez les Bleus. Son itinéraire est cabossé, tortueux, imprévisible et unique. On pensait en connaître le point final, il est désormais ouvert à tous les possibles.
Pourquoi Deschamps a-t-il autant tardé à rappeler Benzema ?