« Le vaisseau a été perdu », a annoncé un commentateur lors du direct vidéo de l’entreprise du milliardaire Elon Musk. « Donc pas d’amerrissage aujourd’hui », a-t-il ajouté. Le vaisseau devait, selon le plan de vol, terminer sa course dans l’océan Indien.
Le directeur de SpaceX a reconnu que sa fusée devrait effectuer des centaines de missions sans équipage avant d’éventuellement transporter ses premiers humains.
Le décollage pour ce troisième vol test avait eu lieu peu après 8h locales (14h en Suisse) depuis la base spatiale « Starbase » de SpaceX, à Boca Chica, dans l’extrême sud du Texas, et a duré près d’une demi-heure. Ce vol a néanmoins permis au vaisseau d’atteindre pour la première fois l’orbite terrestre basse.
Installer l’humanité sur Mars
Avec ses 120 mètres de haut, Starship est la fusée la plus grande du monde. Elle est aussi la plus puissante. SpaceX mise sur elle pour réaliser son but affiché: faire de l’humanité une espèce multiplanétaire en l’installant sur Mars.
Son développement est aussi très important pour la NASA, qui compte sur ce vaisseau pour faire atterrir ses astronautes sur la Lune lors de sa mission Artemis III, prévue en 2026.
La fusée est composée de deux étages: l’étage de propulsion Super Heavy et au-dessus le vaisseau Starship, qui donne par extension son nom à la fusée entière.
Deux tests infructueux
Le dernier test avait eu lieu il y a quatre mois. Les deux étages de la fusée s’étaient pour la première fois séparés en vol avec succès, mais avaient ensuite tous deux explosé. Les vols n’avaient alors duré que quatre minutes, lors du premier essai, et huit, lors du deuxième.
Le vaisseau avait toutefois atteint environ 150 kilomètres d’altitude, dépassant la frontière de l’espace.
SpaceX a ensuite proposé au régulateur aérien américain, la FAA, 17 « mesures correctives », qui devaient être mises en place pour décrocher une nouvelle licence de vol, finalement obtenue mercredi.
« Objectifs ambitieux »
Pour ce troisième essai, SpaceX avait dit vouloir accomplir plusieurs « objectifs ambitieux ». Parmi eux: effectuer « une rentrée contrôlée » du vaisseau, qui aurait dû retomber dans l’océan Indien pour clore le test, au bout d’environ une heure.
SpaceX voulait également tester l’ouverture de la trappe qui pourra servir à l’avenir à libérer dans l’espace des cargaisons, par exemple des satellites.
La société souhaitait aussi réaliser la « démonstration d’un transfert de carburant » en vol. Selon la presse spécialisée, ce transfert aurait dû avoir lieu entre deux réservoirs à l’intérieur du vaisseau. Mettre au point cette fonction est essentiel, car pour atteindre la Lune, Starship devra se ravitailler en carburant une fois dans l’espace, grâce à un vaisseau préalablement rempli par d’autres, et servant de sorte de station-service spatiale.
Outre sa taille démesurée, la véritable innovation de Starship est qu’elle doit à terme être entièrement réutilisable. Actuellement, seul le premier étage de la fusée Falcon 9 revient se poser après chaque lancement pour être réutilisé.
Text by RTS afp/juma