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Contre toute attente, «Zack Snyder’s Justice League» est une réussite.

Sortie en 2017, la version de «Justice League» telle qu’envisagée par Zack Snyder, réalisateur de «Man of Steel» et de «Batman vs Superman», n’était plus que l’ombre d’un film. La réunion de Batman, Aquaman, Flash, Cyborg, Wonder Woman et de Superman afin d’être de taille pour lutter contre une menace interplanétaire, était devenue une exécrable bouillie au terme d’une production chaotique.

Tout ce qui devait mal se passer s’était concrétisé. Avant même son départ du tournage suite à une tragédie familiale, Zack Snyder avait déjà eu les ailes coupées par un studio, la Warner Bros., obsédé par la réussite des films Disney/Marvel et désorienté par le relatif échec de ses productions rivales. L’arrivée de Josh Whedon, en tant que «script doctor» avant le départ de Snyder, puis chargé de recoller les morceaux après, n’a fait qu’empirer les choses. Au final, «Justice League» n’était plus qu’une succession de scènes d’action soporifiques reliées par de longs tunnels dialogués insipides aboutissant sur un final grotesque.

Le poids des fans

La catastrophe industrielle était telle que jamais nous n’aurions cru que Snyder, soutenu par ses fans et par la majorité de la distribution, ait pu réparer quoi que ce soit. C’est pourtant ce qui est arrivé. Lancé jeudi dernier sur HBO Max, le Netflix des studios Warner, «Zack Snyder’s Justice League», bien que composée de scènes existantes et de nouvelles tournées après coup, enfonce le replâtrage de Whedon dans tous les départements. Magie du montage, du rythme retrouvé et de nombreux éléments réintroduits… alors que la version de deux heures nous assommait, celle de quatre heures est parvenue à nous maintenir rivé sans faillir. C’est dire l’étendue du miracle.

Pour ne pas révéler un quelconque élément susceptible de nuire à votre plaisir (pour autant que vous ne développiez pas une allergie à ce type de superproductions numériques), contentons-nous de relever l’introduction de nombreuses séquences purement visuelles, sans dialogue donc, qui font progresser une narration qui en avait grand besoin. Il manquait en outre de nombreux éléments pour accorder aux nouveaux entrants, Cyborg et Flash en particulier, de quoi subsister, c’est chose faite désormais. Notons encore des changements significatifs sur la nature des principaux antagonistes et aussi de Superman. Quant aux rêves «prémonitoires» de Batman aperçus dans «Batman vs Superman», les voilà réintégrés de la plus belle des manières.

La patte de Snyder retrouvée

Tout cela fait que, sa cohérence retrouvée, le style très reconnaissable de Zack Snyder peut s’épanouir. Il a certes ses fans et ses détracteurs, on le remercie néanmoins d’avoir su intégrer les séquences au ralenti qui portent sa marque avec plus de pertinence. On lui pardonne aussi aisément la coquetterie de présenter son montage dans un format Imax radical, proche du 4:3 d’antan, qui laisse apparaître des barres noires à gauche et à droite de nos écran 16:9. Surpris au début mais sans constater un quelconque déséquilibre dans la composition, on a rapidement concédé que ce choix ne nuisait en rien au spectacle.

Reste à savoir si cette remise des pendules à l’heure, au début considérée avec réticence par la Warner, permettra de remettre sur les bons rails un univers étendu DC mis à mal par les atermoiements du studio. Le «Zack Snyder’s cut» introduit certes de nouveaux points d’accroche très intrigants pour de futurs wagons; pourtant, rien de dit encore vraiment si le convoi se reformera ou s’il restera dispersé autour d’une station de triage malmenée.

Annoncé pour le 20 mai sur Hollystar.ch – ce qui n’exclut pas que d’autres plateformes actives en Suisse s’annoncent –, le film n’est pas exploité en salles. Il reste aussi la perspective d’une sortie sur supports physiques (Blu-ray et Blu-ray 4K), le 31 décembre prochain, et, pour les plus pressés, la tentation du téléchargement ou du recours aux plateformes de streaming «grises».

Le Matin.ch by Jean-Charles Canet