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McFly et Carlito : Emmanuel Macron déjà en campagne sur Youtube

En lançant un défi aux célèbre duo de youtubeurs, le Président espère bénéficier de leur image cool auprès de la jeunesse. Une stratégie de propagande électorale qui devrait être plus encadrée.

McFly et Carlito ont plus de 6 millions d’abonnés sur Youtube, un talent comique indéniable et peut-être les meilleures intentions du monde. Mais quand ils affirment que faire une vidéo avec Emmanuel Macron ne revient pas à l’aider à se faire réélire, ils se trompent.

Nous sommes le 19 février 2021 quand McFly et Carlito publient une vidéo sur leur chaîne Youtube : «Le PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE nous lance un défi. Dinguerie ? Oui.» Les codes du «Youtube Game» sont respectés, les deux youtubeurs commentent et reviennent sur le coup de téléphone que leur a passé plus tôt le Président, et le défi qu’il leur a lancé : réaliser une vidéo sur les gestes barrières qui dépasse les 10 millions de vues. S’ils y parviennent, ils seront alors invités à l’Elysée pour y tourner une nouvelle vidéo, l’occasion pour eux de créer du contenu inédit et la promesse de plusieurs millions de vues supplémentaires. Défi relevé en trois jours : mercredi midi, la vidéo comptabilisait déjà 11 millions de vues. Retour sur une campagne de propagande électorale à destination des 15-25 ans, déguisée derrière une vidéo anodine sur les gestes barrières.

Macron à la recherche de l’effet de Halo

Pour comprendre l’objectif d’Emmanuel Macron derrière ce défi lancé à deux jeunes youtubeurs stars, icônes d’une génération, il faut d’abord comprendre le fonctionnement d’un biais cognitif : l’effet de Halo. L’effet de Halo vous pousse à réaliser des associations d’idées inconscientes, et à transférer les qualités d’une personne ou d’un objet, à la personne ou l’objet qui lui est associée.

Depuis des décennies, ce biais est le fondement de pléthore de campagnes publicitaires où les marques associent l’image d’un sportif ou d’une célébrité à leurs produits, en espérant que, par effet de halo, leur image «déteigne» sur leur produit. Auprès de la génération des 15-25 ans, McFly et Carlito sont des icônes du cool. Leurs vidéos, vues des millions de fois, promettent à leurs abonnés de passer un moment drôle, devant lequel sourire et se vider la tête. Bref, un moment cool. Autrement dit, par ce simple effet de halo, si McFly et Carlito font une vidéo avec Emmanuel Macron, elle rend mécaniquement Emmanuel Macron cool.

Peu importe ce qui s’y dit, et peu importe le sujet, notre cerveau fera l’association inconsciente entre leurs personnalités et l’image d’Emmanuel Macron.

L’image et la personnalité, éléments décisifs pour 2022 ?

En démocratie, nous aimons croire que lorsque les citoyens se rendent aux urnes, ils votent en leur âme et conscience pour un programme, pour des idées, pour une vision de l’avenir. Dans les faits, nous savons que c’est faux. Et d’autant plus avec quelqu’un comme Emmanuel Macron. Selon un sondage Ipsos-Sopra Steria, en 2017, 8 % des votes pour Emmanuel Macron au second tour l’ont été pour «sa personnalité». 8 %, rapporté à son score du premier tour, ça représente environ 700 000 voix. Or un candidat malheureux répète à cors et cris depuis trois ans et demi qu’en 2017, il aurait été au second tour «à 600 000 voix près». Ce candidat, c’est Jean-Luc Mélenchon.

Depuis 2017, les jeunes (nés entre 1998 et 2005 environ) sont la cible de nombreuses réformes qui ont rendu leurs conditions de vie plus difficiles et leur avenir plus incertain. Avec Parcoursup et la réforme du lycée, leurs chances d’accéder à une bonne formation se sont réduites, et ont creusé les inégalités entre les jeunes issus des centres-villes favorisés, et les autres (banlieues et «province»). Emmanuel Macron n’est pas non plus au rendez-vous des attentes de cette génération en matière de climat, en attestent le non-respect des accords de Paris et ses renoncements /aménagements sur les néonicotinoïdes, le glyphosate et l’interdiction du plastique jetable.

La question également des violences policières, au cœur des préoccupations d’une partie de cette génération comme l’a prouvée l’immense succès de la manifestation du 2 juin devant le tribunal judiciaire de Paris en mémoire d’Adama Traoré et George Floyd, est également un marqueur de rupture avec un président qui ne cache pas son soutien aux méthodes du préfet de police de Paris, Didier Lallement. Et surtout, cette jeunesse est aujourd’hui affamée, et désespérée. Entre l’augmentation exponentielle de la prostitution, physique ou numérique, et l’allongement jour après jour des files d’attente devant les centres d’aides alimentaires, s’impose le constat d’un abandon de toute une génération dans un contexte de crise sanitaire.

Face à cette situation, il est tout à fait raisonnable de penser que l’exécutif a commandé des sondages pour jauger le ressenti de cette génération quant à son action. Et il est tout aussi raisonnable de penser que les résultats de ces sondages ne sont pas bons, d’où le besoin de recourir aux influenceurs pour limiter par la communication les dégâts faits par le politique.

L’influence comme moyen pour contourner les règles

Ce qui arrive entre McFly et Carlito et Emmanuel Macron n’est pas une première sous la présidence LREM, puisque cet exécutif y a déjà eu recours à plusieurs reprises pour délivrer des messages à une population éloignée des médias traditionnels. Qu’il s’agit du youtubeur fitness Tibo InShape pour assurer la promotion du SNU, de l’influenceuse EnjoyPhoenix qui a été invitée à passer une journée avec Brune Poirson, alors secrétaire d’Etat en charge de l’écologie, pour verdir l’image du gouvernement, ou encore de Nino Arial dans le cadre d’une campagne contre le harcèlement, le recours influenceurs est devenu une pratique courante sous le quinquennat d’Emmanuel Macron.

Et cette pratique soulève de nombreuses questions.

Entre leur audience de plusieurs millions d’abonnés et l’effet de halo qu’ils confèrent aux politiques avec lesquels ils collaborent, les influenceurs sont un moyen de propagande politique surpuissant auprès des moins de 30 ans. Mais ils représentent aujourd’hui pour les hommes et les femmes politiques un moyen de contourner l’interdiction française de faire de la publicité sur les réseaux sociaux. En effet, en France la législation qui encadre la publicité à des fins de propagande politique est particulièrement stricte : elle est interdite dans les six mois qui précèdent une élection.

Pas de bannières, pas d’achat de mots-clés, pas de posts sponsorisés sur Facebook ou Instagram, rien. Mais, en l’état, la législation n’interdit pas de commander une vidéo à un influenceur. Or compte tenu du jeune âge de leur audience (souvent mineure) et du fait qu’un influenceur ne soit tenu à aucun devoir de neutralité contrairement à un·e journaliste, une réflexion s’impose pour, a minima, encadrer et légiférer ces pratiques qui représentent un vrai risque pour l’intégrité des scrutins à venir.

par Antoine Kalawski, Liberation.fr

Etats-Unis : Donald Trump veut priver les réseaux sociaux de leur protection

Le président américain a signé, jeudi, un décret visant à limiter la protection dont bénéficient les services comme Twitter et Facebook.

Donald Trump est passé à l’acte, jeudi 28 mai. Ulcéré par la décision de Twitter d’ajouter un lien à deux messages publiés mardi qui spécifiait qu’il avançait des contre-vérités à propos de la fiabilité du vote par correspondance, le président des Etats-Unis a signé un décret exécutif qui invite les agences fédérales concernées à réexaminer la pierre angulaire sur laquelle se sont développés les réseaux sociaux. Il s’agit de la section 230 (c) de la Communications Decency Act, une loi de 1996, qui prévoit que les sites et services qui permettent aux internautes de publier des messages ne sont pas directement responsables de ces messages.

« Ils ont le pouvoir non contrôlé de censurer, éditer, dissimuler ou modifier toute forme de communication entre des individus et de larges audiences publiques. Il n’y a pas de précédent dans l’histoire américaine qu’un si petit nombre de sociétés contrôlent une si grande sphère d’interaction humaine », a pesté le président des Etats-Unis à propos des mastodontes des réseaux sociaux. La charge est paradoxale puisque l’ancien homme d’affaires a bâti en partie sa carrière politique sur un usage effréné de Twitter. Son compte est suivi aujourd’hui par plus de 80 millions d’abonnés.

Source: Le Monde

Trump et Twitter : ils se sont tant aimés.

Rien ne va plus entre le président et le réseau social, qui – pour la première fois – a signalé un tweet de Trump. @realDonaldTrump a promis de se venger.

Ces derniers jours, Donald Trump est déchaîné. Via son arme favorite, le tweet, il a accusé de meurtre – sans l’ombre d’une preuve – l’animateur d’une émission politique, il s’est moqué de Joe Biden parce qu’il portait un masque, il a retweeté les élucubrations d’un extrémiste de droite qui a traité Hillary Clinton de « pouffiasse », il a mentionné des théories du complot accusant Obama d’espionnage… Cela fait des années qu’il affirme tout et n’importe quoi à ses quelque 80 millions de followers. Avec la bénédiction de Twitter, qui a toujours défendu sa liberté d’expression.

Source: Le Point.fr