fbpx

Iran: l’ONU accuse les autorités de «meurtres d’Etat» contre des manifestants

Les exécutions des manifestants sont une arme utilisée par le régime iranien. C’est l’accusation lancée par le Haut commissaire aux droits de l’homme.

L’ONU estime que les quatre exécutions de manifestants iraniens ces dernières semaines équivalent à des «meurtres d’Etat». Le Haut commissaire aux droits de l’homme Volker Türk a accusé mardi à Genève le régime islamique d’utiliser la peine capitale comme «une arme».

Les procès inéquitables n’ont pas répondu aux règles internationales en termes de droits humains, affirme-t-il. Selon lui, le gouvernement ferait mieux d’écouter les griefs de la population et de garantir les libertés fondamentales. Le Haut commissaire a réitéré son appel à un «moratoire immédiat» sur les exécutions.

Le Haut-Commissariat dénonce notamment une application de dispositions pénales vagues, le refus d’un accès à un avocat librement choisi ou des aveux contraints sous la torture. L’absence de la présomption d’innocence et le manque de possibilités de faire appel sont également ciblés. De même, la peine capitale a été imposée pour des crimes qui ne la justifient pas, insiste M. Türk. Elle doit être appliquée aux seules infractions d’extrême gravité comme des homicides volontaires.

Les quatre personnes exécutées l’ont été en secret, sans que leurs proches n’en soient informés. Cette approche viole le droit international, selon l’ONU. Près d’une vingtaine de manifestants supplémentaires auraient été condamnés à cette sentence, dont au moins une femme et deux personnes qui pourraient être exécutées prochainement, et plus d’une centaine pourraient y faire face.

Dispositif appliqué par les autorités

L’Iran a de son côté menacé mardi de punir «fermement» les personnes enfreignant la loi stricte sur le port du voile dans la répression des manifestations, prévoyant d’importants dispositifs contre celles-ci, selon un adjoint du procureur général. La justice du pays a annoncé une nouvelle condamnation à la peine capitale. Le Haut commissaire doit avoir une réunion prochainement à Genève avec les autorités iraniennes.

Texte by PAR KEYSTONE – ATS / le nouvelliste.ch

Plus de 1200 personnes arrêtées depuis le début des manifestations

Le mouvement de contestation ne faiblit pas et a déjà coûté la vie à 41 personnes. Il a débuté le 16 septembre, après le décès d’une jeune femme pour «port inapproprié de vêtements».

Les autorités ont interpellé 450 nouveaux manifestants dans le nord de l’Iran, où plus de 700 personnes ont déjà été arrêtées pour avoir participé aux protestations contre la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs, a annoncé lundi un média officiel.

Mouvement de contestation

«Lors des troubles de ces derniers jours, 450 émeutiers ont été arrêtés à Mazandaran», a déclaré le procureur général de la province, Mohammad Karimi, cité par l’agence officielle Irna. Samedi, les autorités avaient fait état de 739 manifestants arrêtés parmi lesquels 60 femmes à Guilan, province voisine de Mazandaran, dans le nord du pays.

 

Les manifestations ont commencé le 16 septembre, date du décès de Mahsa Amini arrêtée trois jours auparavant à Téhéran pour «port inapproprié de vêtements» dans la République islamique, où le code vestimentaire pour les femmes est strict, en particulier le port du voile islamique.

Le mouvement de contestation s’est propagé dans plusieurs villes du pays, où les manifestants ont crié des slogans hostiles au pouvoir, selon les médias locaux. «Au cours des derniers jours, des émeutiers ont attaqué des bâtiments gouvernementaux et endommagé des biens publics dans certaines régions de Mazandaran sous la direction d’agents étrangers», a-t-il affirmé.

Aucune indulgence

Dimanche, le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejeï, a menacé de ne faire preuve d’«aucune indulgence» vis-à-vis des manifestants et appelé les forces de l’ordre à agir «fermement» contre «ceux qui portent atteinte à la sécurité».

Selon un bilan officiel non détaillé, incluant manifestants et forces de l’ordre, 41 personnes ont été tuées en dix jours de protestations. Mais le bilan pourrait être plus lourd, l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, faisant état d’au moins 57 manifestants tués.

L’agence de presse Tasnim a publié lundi une vingtaine de photos de manifestants parmi lesquels des femmes dans diverses rues de Qom, importante ville sainte chiite située à près de 150 km au sud de la capitale. Les institutions militaires et sécuritaires ont publié ces images des «meneurs des émeutes» et appelé les habitants à les «identifier et informer les autorités», a ajouté l’agence.