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Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur: « Oppenheimer » triomphe aux Oscars

La déflagration annoncée a bien eu lieu: « Oppenheimer » a remporté dimanche l’Oscar du meilleur film ainsi que six autres statuettes, au cours d’une soirée qui a aussi largement récompensé le film « Pauvres créatures » de Yorgos Lanthimos. Quant au film français « Anatomie d’une chute », il est reparti avec l’Oscar du meilleur scénario original.

Auréolé de critiques dithyrambiques et d’un casting impeccable, le portrait du père de la bombe atomique brossé par Christopher Nolan a largement dominé la soirée. « Je ne saurais trop insister sur l’incroyable équipe que nous avons réunie pour ce film », a réagi le cinéaste, en profitant de son prix du meilleur réalisateur pour remercier tous les acteurs.

Cillian Murphy, magistral en Robert Oppenheimer, génie nucléaire pétri de contradictions et de doutes, a lui remporté l’Oscar du meilleur acteur. « Pour le meilleur ou pour le pire, nous vivons dans le monde d’Oppenheimer » et de la bombe atomique, a observé l’Irlandais. « J’aimerais donc vraiment dédier ce prix aux artisans de la paix dans le monde entier. »

Robert Downey Jr, son antagoniste à l’écran, qui campe un bureaucrate conservateur orchestrant l’humiliation publique du scientifique, a raflé le prix du meilleur second rôle masculin.

Le sacre du film a été complété par d’autres statuettes techniques – montage, photographie, bande originale – à la hauteur de la réputation de chef d’oeuvre populaire qu’il s’est forgé depuis sa sortie en salles cet été.

Auréolé de critiques dithyrambiques et d’un casting impeccable, le portrait du père de la bombe atomique brossé par Christopher Nolan a largement dominé la soirée. « Je ne saurais trop insister sur l’incroyable équipe que nous avons réunie pour ce film », a réagi le cinéaste, en profitant de son prix du meilleur réalisateur pour remercier tous les acteurs.

Cillian Murphy, magistral en Robert Oppenheimer, génie nucléaire pétri de contradictions et de doutes, a lui remporté l’Oscar du meilleur acteur. « Pour le meilleur ou pour le pire, nous vivons dans le monde d’Oppenheimer » et de la bombe atomique, a observé l’Irlandais. « J’aimerais donc vraiment dédier ce prix aux artisans de la paix dans le monde entier. »

Robert Downey Jr, son antagoniste à l’écran, qui campe un bureaucrate conservateur orchestrant l’humiliation publique du scientifique, a raflé le prix du meilleur second rôle masculin.

Le sacre du film a été complété par d’autres statuettes techniques – montage, photographie, bande originale – à la hauteur de la réputation de chef d’oeuvre populaire qu’il s’est forgé depuis sa sortie en salles cet été.

>> A lire : « Oppenheimer », l’histoire du père de la bombe atomique version Christopher Nolan

>> Ecouter aussi le sujet de Tout un monde sur « Oppenheimer » vu du Japon :

Tout un monde. [RTS]RTS
 
 
 
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Oppenheimer vu du Japon / Tout un monde / 20 min. / hier à 08:10

Emma Stone, une « pauvre créature » triomphante

L’actrice Emma Stone a été l’autre grande gagnante de la soirée. Après « La La Land » en 2017, elle a raflé son deuxième Oscar de la meilleure actrice pour « Pauvres créatures ». Ce conte baroque de Yorgos Lanthimos a remporté quatre statuettes au total, salué notamment son esthétique rétro-futuriste.

Emma Stone y incarne Bella Baxter, une suicidée ressuscitée par un scientifique foldingue qui lui implante le cerveau du bébé qu’elle portait en elle. L’occasion, pour elle, de livrer une performance joyeusement régressive, en créature qui découvre le sexe et mille autres plaisirs de la vie sans aucune honte ni préjugés.

Ce rôle était « le cadeau d’une vie », a réagi l’actrice en remerciant son réalisateur et en exprimant son admiration pour toutes ses concurrentes. Cette catégorie était la plus serrée: Lily Gladstone, remarquable en Amérindienne empoisonnée par son mari dans « Killers of the Flower Moon » de Martin Scorsese, est donc repartie les mains vides.

« Anatomie d’une chute » se contente d’un accessit

Le film français « Anatomie d’une chute » n’a, lui, pas pu jouer les trouble-fêtes pour empêcher ce triomphe annoncé. Thriller judiciaire sur la dégringolade d’un couple dysfonctionnel d’artistes, où une écrivaine ambiguë incarnée par Sandra Hüller se retrouve accusée du meurtre de son mari, il a dû se contenter d’un seul Oscar sur les cinq catégories où il était nommé, celui du meilleur scénario original.

« Cela m’aidera à traverser ma crise de la quarantaine », a plaisanté la cinéaste française Justine Triet, très émue, qui côtoyait Nolan et Martin Scorsese pour sa réalisation. « C’est une année folle », a-t-elle soufflé, aux côtés de son compagnon Arthur Harari, avec qui elle a co-écrit le script. Palme d’Or à Cannes, « Anatomie d’une chute » a notamment été récompensé par deux Golden Globes et un Bafta – l’équivalent des Césars britanniques.

Son oeuvre s’impose comme la meilleure représentante du cinéma français à l’étranger depuis « Amour », Oscar du meilleur film étranger en 2013, et « The Artist », qui avait raflé cinq statuettes en 2012.

Hayao Miyazaki, 21 ans après « Chihiro »

Le film anglais « La zone d’intérêt » a lui remporté l’Oscar du meilleur film international pour sa chronique de la vie insouciante d’une famille de nazis juste à côté d’Auschwitz. Son réalisateur Jonathan Glazer en a profité pour lancer un message de paix au Proche-Orient, actuellement miné par la guerre d’Israël à Gaza.

« Notre film montre comment la déshumanisation mène au pire », a rappelé le cinéaste juif, estimant que les Israéliens morts le 7 octobre dans l’attaque du Hamas et les 31’000 morts palestiniens sont « tous victimes de cette déshumanisation » (lire aussi l’encadré).

Parmi les autres prix majeurs, Da’Vine Joy Randolph (« Winter Break ») a été élue meilleur second rôle féminin. « Le Garçon et le Héron », du maître japonais Hayao Miyazaki, a lui remporté l’Oscar du meilleur film d’animation, son deuxième, 21 ans après « Le voyage de Chihiro ».

Parmi les autres prix majeurs, Da’Vine Joy Randolph (« Winter Break ») a été élue meilleur second rôle féminin. « Le Garçon et le Héron », du maître japonais Hayao Miyazaki, a lui remporté l’Oscar du meilleur film d’animation, son deuxième, 21 ans après « Le voyage de Chihiro ».

Text by RTS .ch afp/vic

«Deadpool 3» devient la bande-annonce la plus visionnée en 24 heures

Le troisième volet, avec Ryan Reynolds, sera dans les salles à partir du 26 juillet prochain.

Diffusée dimanche lors de la finale du Super Bowl, la bande-annonce de «Deadpool 3» est devenue le trailer le plus visionné au monde, en l’espace de 24 heures, avec 365 millions de vues, selon Disney.

Ce troisième volet détrône «Spider-Man: No Way Home» qui avait généré 355,5 millions de vues en une journée, en 2021. Il faut souligner que le Super Bowl a signé cette année son record d’audience avec 123,7 millions de téléspectateurs. 

Dans ce film attendu depuis six ans, le héros incarné par Ryan Reynolds fait, cette fois-ci, équipe avec Wolverine (Hugh Jackman). Ce dernier, qui n’est pas apparu au cinéma depuis la sortie de «Logan», il y a sept ans, est brièvement montré dans la séquence. Le long-métrage sera visible dans les salles, à partir du 26 juillet prochain.

Text by Le Matin .ch F.D.A

Mort de Carl Weathers

L’acteur Carl Weathers, célèbre pour avoir incarné Apollo Creed dans «Rocky» aux côtés de Sylvester Stallone, et le colonel Al Dillon dans «Predator» avec Arnold Schwarzenegger, nous a quittés le jeudi 2 février à l’âge de 76 ans.
Sa famille a déclaré dans un communiqué qu’il était décédé paisiblement dans son sommeil.
Les plus jeunes le connaissent sûrement pour son rôle de Greef Karga dans «The Mandalorian».

Jean Dujardin sera Zorro pour France Télévisions

L’acteur français incarnera le cavalier qui surgit hors de la nuit.

Jean Dujardin enfilera le masque de Zorro dans une série pour France Télévisions. Benjamin Charbit («Les Sauvages») sera à l’écriture, annonce «Satellifacts».

Le héros – et son alter ego Don Diego Vega, un riche noble de 24 ans du village de Reina de Los Angeles – a été créé par le romancier Johnston McCulley en 1919. Il a inspiré de nombreuses séries, films ou même dessins animés. Douglas Fairbanks, Antonio Banderas ou encore Alain Delon ont porté la cape, le chapeau plat et le loup au cinéma. Guy Williams (Zorro et Don Diego «de la» Vega, dans la série culte de 1957).

Disney+ et Amazon dans la course

Jean Dujardin a déjà eu l’occasion de l’incarner à la télévision. C’était dans un épisode de la série «Platane» en 2013.

 

«Zorro» a la cote depuis plusieurs mois. Une nouvelle version décrite comme respectueuse des codes mais contemporaine est en préparation pour Amazon Prime, avec l’Espagnol Miguel Bernardeau («Elite») en Don Diego de la Vega et l’actrice mexicaine Renata Notni pour incarner Lolita Marquez. Même ambition chez Disney+,  qui prépare son remake avec, dans le rôle principal, Wilmer Valderrama («That ’70s Show», «NCIS»). Éric Judor travaillerait toujours à une série pour Canal+, un projet qu’il avait évoqué une première fois il y a presque dix ans.

Text by lematin.ch L.F.

Sous-marin Titan : Pourquoi les eaux autour du Titanic sont toujours dangereuses

À l’automne 1911, un énorme morceau de glace s’est détaché d’un glacier situé au sud-ouest de la vaste calotte glaciaire du Groenland. Au cours des mois suivants, il a lentement dérivé vers le sud, fondant peu à peu au gré des courants marins et du vent.

Puis, par la nuit froide et sans lune du 14 avril 1912, un iceberg de 125 mètres de long (410 pieds) – tout ce qui restait du morceau de glace d’environ 500 mètres qui avait quitté un fjord du Groenland l’année précédente – est entré en collision avec le paquebot RMS Titanic, qui effectuait son voyage inaugural de Southampton, au Royaume-Uni, à New York, aux États-Unis. En moins de trois heures, le navire a coulé, entraînant dans sa chute plus de 1 500 passagers et membres d’équipage. L’épave gît désormais à près de 3,8 km sous les vagues, à près de 400 miles (640 km) au sud-est de la côte de Terre-Neuve.

Les icebergs constituent toujours un danger pour la navigation : en 2019, 1 515 icebergs ont dérivé suffisamment au sud pour pénétrer dans les couloirs de navigation transatlantiques entre les mois de mars et d’août. Mais la dernière demeure du Titanic comporte ses propres dangers, ce qui signifie que les visites de l’épave la plus célèbre du monde représentent un défi de taille.

  • A quoi peut-on s’attendre après le décès des membres de l’équipage du sous-marin Titan ?
  • « C’est une catastrophe. Tout a été emporté »
  • Que sont ces pierres mystérieuses trouvées dans une roche vieille de 2,8 milliards d’années

Après la disparition d’un submersible de cinq personnes qui transportait des passagers payants lors d’une excursion sur l’épave du Titanic, la BBC s’intéresse à cette région du fond de l’océan.

Les profondeurs de l’océan sont sombres. La lumière du soleil est très rapidement absorbée par l’eau et ne peut pas pénétrer à plus de 1 000 mètres de la surface. Au-delà, l’océan est plongé dans une obscurité perpétuelle. C’est pour cette raison que le Titanic se trouve dans une région connue sous le nom de « zone de minuit ».

Les expéditions précédentes sur le site de l’épave ont décrit une descente de plus de deux heures dans l’obscurité totale avant que le fond de l’océan n’apparaisse soudainement sous les lumières du submersible.

La ligne de visée étant limitée au-delà des quelques mètres éclairés par les feux de bord du submersible de la taille d’un camion, la navigation à cette profondeur est un véritable défi, et il est facile de se retrouver désorienté sur le fond marin.

  • 5 mythes qui persistent sur le Titanic plus d’un siècle après son naufrage

Les cartes détaillées du site de l’épave du Titanic, établies grâce à des décennies de balayage à haute résolution, peuvent toutefois fournir des points de repère lorsque des objets sont visibles. Le sonar permet également à l’équipage de détecter des caractéristiques et des objets au-delà de la petite zone de lumière éclairée par le submersible.

Les pilotes de submersibles s’appuient également sur une technique connue sous le nom de navigation inertielle, qui utilise un système d’accéléromètres et de gyroscopes pour suivre leur position et leur orientation par rapport à un point de départ et à une vitesse connus. Le submersible Titan d’OceanGate est équipé d’un système de navigation inertielle autonome de pointe qu’il associe à un capteur acoustique appelé Doppler Velocity Log pour estimer la profondeur et la vitesse du véhicule par rapport au fond de la mer.

Malgré cela, les passagers des précédents voyages sur le Titanic avec OceanGate ont décrit à quel point il est difficile de trouver son chemin une fois arrivé au fond de l’océan. Mike Reiss, un scénariste de comédies télévisées, qui a travaillé sur les Simpsons et a participé à un voyage avec OceanGate sur le Titanic l’année dernière, a déclaré à la BBC : « Lorsque vous touchez le fond, vous ne savez plus où vous en êtes. Nous avons dû nous agiter à l’aveuglette au fond de l’océan en sachant que le Titanic se trouvait quelque part, mais il fait tellement noir que la plus grosse chose sous l’océan se trouvait à seulement 500 mètres de nous et nous avons passé quatre-vingt-dix minutes à la chercher. »

Des profondeurs écrasantes

Plus un objet s’enfonce dans l’océan, plus la pression de l’eau autour de lui augmente. Sur le fond marin, à 3 800 m de profondeur, le Titanic et tout ce qui l’entoure subissent des pressions d’environ 40 MPa, soit 390 fois plus élevées qu’à la surface.

« Pour mettre cela en perspective, c’est environ 200 fois la pression d’un pneu de voiture », a expliqué Robert Blasiak, chercheur en océanographie au Stockholm Resilience Centre de l’université de Stockholm, à l’émission « Today » de la BBC Radio 4. « C’est pourquoi il faut un submersible aux parois très épaisses. » Les parois en fibre de carbone et en titane du submersible Titan sont conçues pour lui permettre de fonctionner à une profondeur maximale de 4 000 mètres.

  • Pourquoi la Nasa explore-t-elle les profondeurs des océans de la Terre ?

Les forts courants de surface qui peuvent entraîner les bateaux et les nageurs hors de leur trajectoire nous sont probablement plus familiers, mais les profondeurs de l’océan sont également parcourues par des courants sous-marins. Bien qu’ils ne soient généralement pas aussi puissants que ceux que l’on trouve à la surface, ils peuvent néanmoins entraîner le déplacement de grandes quantités d’eau. Ils peuvent être alimentés par des vents de surface qui influencent la colonne d’eau en dessous, par des marées en eaux profondes ou par des différences de densité de l’eau dues à la température et à la salinité, ce que l’on appelle les courants thermohalins. De rares événements connus sous le nom de tempêtes benthiques – qui sont généralement liés à des tourbillons à la surface – peuvent également provoquer des courants puissants et sporadiques susceptibles d’emporter des matériaux sur le fond marin.

Les informations dont on dispose sur les courants sous-marins autour du Titanic, qui est divisé en deux parties principales après que la proue et la poupe se sont séparées lors du naufrage, proviennent de recherches portant sur les formes du fond marin et sur le mouvement des calmars autour de l’épave.

On sait qu’une partie de l’épave du Titanic se trouve à proximité d’une section du fond marin affectée par un courant d’eau froide s’écoulant vers le sud, connu sous le nom de « Western Boundary Undercurrent » (sous-courant de la frontière occidentale). Le flux de ce « courant de fond » crée des dunes migratoires, des ondulations et des motifs en forme de ruban dans les sédiments et la boue du plancher océanique, qui ont permis aux scientifiques d’en comprendre la force. La plupart des formations observées sur les fonds marins sont associées à des courants relativement faibles ou modérés.

Les ondulations de sable le long de la bordure orientale du champ de débris du Titanic – l’éparpillement des effets personnels, des accessoires, des installations, du charbon et des parties du navire lui-même qui se sont répandus lors du naufrage – indiquent l’existence d’un courant de fond d’est en ouest, tandis qu’à l’intérieur du site principal de l’épave, affirment les scientifiques, les courants tendent du nord-ouest au sud-ouest, peut-être en raison des plus gros morceaux de l’épave, qui modifient leur direction.

Au sud de la partie avant, les courants semblent particulièrement changeants, allant du nord-est au nord-ouest et au sud-ouest.

De nombreux experts s’attendent à ce que le vannage de ces courants finisse par ensevelir l’épave du Titanic dans les sédiments.

Gerhard Seiffert, archéologue marin spécialisé dans les eaux profondes, qui a récemment dirigé une expédition visant à scanner l’épave du Titanic en haute résolution, a déclaré à la BBC qu’il ne pensait pas que les courants dans la zone étaient suffisamment forts pour représenter un risque pour un submersible – à condition qu’il soit alimenté en électricité.

« Je n’ai pas connaissance de courants représentant une menace pour un véhicule de haute mer en état de marche sur le site du Titanic », a-t-il déclaré. « Dans le cadre de notre projet de cartographie, les courants représentaient un défi pour la précision de la cartographie, et non un risque pour la sécurité. »

Coulées de sédiments

Après plus de cent ans passés au fond de la mer, le Titanic s’est progressivement dégradé. L’impact initial des deux sections principales du navire lors de la collision avec le fond marin a tordu et déformé de grandes parties de l’épave. Au fil du temps, les microbes qui se nourrissent du fer du navire ont formé des « rusticités » en forme de glaçons et accélèrent la détérioration de l’épave. En fait, les scientifiques estiment que l’activité bactérienne plus élevée sur la poupe du navire – due en grande partie aux dommages plus importants qu’elle a subis – la détériore quarante ans plus vite que la partie avant.

« L’épave s’effondre constamment, principalement à cause de la corrosion, explique M. Seiffert. Chaque année, un tout petit peu. Mais tant que vous restez à une distance de sécurité – pas de contact direct, pas de pénétration par les ouvertures – aucun dommage n’est à craindre. »

Bien que cela soit extrêmement improbable, des coulées soudaines de sédiments au fond de la mer ont déjà endommagé et même emporté des objets fabriqués par l’homme au fond de l’océan.

Les événements les plus importants – comme celui qui a sectionné les câbles transatlantiques au large de Terre-Neuve en 1929 – sont déclenchés par des phénomènes sismiques tels que les tremblements de terre. On prend de plus en plus conscience du risque que représentent ces événements, bien que rien n’indique qu’un événement de ce type soit impliqué dans la disparition du sous-marin Titan.

Au fil des ans, les chercheurs ont identifié des signes indiquant que le fond marin autour de l’épave du Titanic a été touché par d’énormes glissements de terrain sous-marins dans un passé lointain. D’énormes volumes de sédiments semblent avoir dévalé le long du talus continental depuis Terre-Neuve pour créer ce que les scientifiques appellent un « couloir d’instabilité ». Ils estiment que le dernier de ces événements « destructeurs » s’est produit il y a des dizaines de milliers d’années, créant des couches de sédiments d’une épaisseur pouvant atteindre 100 mètres. Mais ces événements sont extrêmement rares, explique David Piper, chercheur en géologie marine à la Commission géologique du Canada, qui a passé de nombreuses années à étudier les fonds marins autour du Titanic. Il compare ces événements à l’éruption du Vésuve ou du Mont Fuji en termes de fréquence – de l’ordre d’une fois tous les dizaines de milliers ou centaines de milliers d’années.

D’autres phénomènes connus sous le nom de courants de turbidité – où l’eau se charge de sédiments et s’écoule le long du talus continental – sont plus fréquents et peuvent être déclenchés par des tempêtes. « Nous montrons un intervalle de répétition d’environ cinq cents ans », explique M. Piper. Mais la topographie du fond marin dans la région devrait orienter les flux de sédiments vers une caractéristique connue sous le nom de « vallée du Titanic », ce qui signifierait qu’ils n’atteindraient pas du tout l’épave.

Selon Seiffert et Piper, il est peu probable qu’un tel événement ait pu jouer un rôle dans la disparition du submersible Titan.

D’autres caractéristiques géologiques autour du site de l’épave n’ont pas encore été explorées. Lors d’une précédente expédition sur le Titanic avec OceanGate, Paul-Henry Nargeolet, ancien plongeur de la marine française et pilote de submersible, a visité une mystérieuse anomalie qu’il avait détectée au sonar en 1996. Il s’est avéré qu’il s’agissait d’un récif rocheux, couvert d’animaux marins. Il espérait visiter un autre point de repère qu’il avait détecté près de l’épave du Titanic lors des dernières expéditions.

Alors que les recherches se poursuivent pour retrouver l’embarcation disparue, on dispose de peu d’indices sur ce qui a pu arriver au Titan et à son équipage. Mais dans un environnement aussi difficile et inhospitalier, les risques liés à la visite de l’épave du Titanic sont aussi pertinents aujourd’hui qu’ils l’étaient en 1986, lorsque les premières personnes à avoir posé les yeux sur le navire depuis son naufrage ont entrepris le voyage vers les profondeurs.

Text by Richard Gray / BBC Future

Un an après la gifle aux Oscars, la réponse cinglante de Chris Rock à Will Smith

L’humoriste, qui avait été frappé en direct par l’acteur en pleine cérémonie des Oscars après une blague sur l’épouse de celui-ci Jada Pinkett Smith, est revenu avec une certaine colère sur l’épisode dans un spectacle diffusé sur Netflix

Un an après avoir été giflé par Will Smith devant un public mondial, l’humoriste américain Chris Rock a riposté samedi, lâchant ses coups dans un numéro de stand-up diffusé sur la plateforme Netflix.

En mars 2022, l’acteur américain était monté sur la scène des Oscars et avait frappé l’humoriste qui venait de tourner en dérision la coupe de cheveux très court de sa femme, l’actrice Jada Pinkett Smith, qui souffre d’alopécie. Quelques minutes plus tard, Will Smith recevait l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans King Richard. Il s’est ensuite excusé auprès de Chris Rock, mais a été banni des Oscars pendant une décennie.

L’humoriste a lui refusé de porter plainte et a gardé un silence quasi-total sur l’incident depuis. Mais sur scène samedi à Baltimore, il est sorti de ses gonds, accusant la star hollywoodienne d’«indignation sélective», et affirmant qu’il s’en était pris à un homme plus petit que lui parce qu’il était contrarié que sa femme l’ait trompé.

«Will Smith pratique l’indignation sélective», a déclaré Chris Rock lors de ce spectacle diffusé en direct sur Netflix. L’humoriste a ajouté que Will Smith avait été largement moqué après un épisode du podcast de sa femme dans lequel le couple a parlé de la liaison de celle-ci et de la façon dont cela l’a affecté.

«Ça fait encore mal»

«Pourquoi faire ça?», a demandé Chris Rock. «Tout le monde l’a traitée de salope. Ils ont traité sa femme de prédatrice. Tout le monde l’a traité lui de salope», a-t-il dit, notant qu’il avait essayé de présenter son soutien après que la nouvelle de la liaison était devenue publique.

«Les gens (me) demandent «Ça fait mal?». Ça fait encore mal», a-t-il dit, en référence à la gifle reçue. «Will Smith est nettement plus grand que moi. Will Smith a joué le rôle de Mohamed Ali dans un film. Vous pensez que j’ai auditionné pour ça?», a-t-il lancé.

L’humoriste, qui semblait parfois en colère pendant son spectacle, a déclaré qu’avant la gifle, il avait toujours apprécié Will Smith, comme rappeur d’abord, puis comme acteur. «Il avait fait de grands films. J’ai soutenu Will Smith toute ma vie.» Mais il dit désormais se ranger du côté du maître d’esclaves qui bat le personnage de Will Smith dans son dernier film, Emancipation.

Texte by Le Temps avec l’AFP

« Maman, j’ai gagné un Oscar » : l’incroyable revanche de Ke Huy Quan

Sacré meilleur acteur dans un second rôle pour « Everything Everywhere All At Once », Ke Huy Quan, l’enfant-star de « Indiana Jones », n’avait pratiquement rien tourné durant 36 ans.

Il est des revanches plus savoureuses que d’autres. Celle du comédien Ke Huy Quan, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle – c’était sa première nomination – à 51 ans, surpasse toutes celles de cette incroyable 95e cérémonie. Car il y en a eu, des destins contrariés à Hollywood qui ont enfin connu la reconnaissance durant cette soirée. Tel Brendan Fraser, ex-jeune premier blacklisté à la suite d’ennuis de santé et d’une agression sexuelle, qui a décroché la statuette de meilleur acteur pour sa performance d’hyper-obèse dans « The Whale ».

Lui aussi, c’était sa première nomination, tout comme deux comédiennes du long-métrage grand vainqueur de la soirée avec sept statuettes dont meilleur film, « Everything Everywhere All At Once » : Michelle Yeoh et Jamie Lee Curtis. La première repart, à 60 ans, avec l’Oscar de la meilleure actrice, après une longue et magnifique carrière ignorée jusque-là par l’Académie des Oscars. Une académie qui a également longtemps « oubliée » Jamie Lee Curtis malgré un formidable parcours professionnel : à 64 ans, la fille de Tony Curtis et Janet Leigh remporte, toujours grâce à ce film fou, la statuette de meilleure actrice dans un second rôle.

Mais celui qui a connu le chemin de vie – tant personnel que professionnel – le plus tortueux, c’est bien Ke Huy Quan. Il l’a rappelé, en larmes, sur la scène des Oscars : « Mon parcours à débuté sur un bateau ». Né à Saïgon en 1971, le jeune vietnamien fuit son pays dans des conditions précaires avec ses parents et d’autres « boat people » alors qu’il n’a que 4 ans. Réfugié aux Etats-Unis avec sa famille, il est repéré en Californie, où il est scolarisé, par Steven Spielberg alors qu’il n’a que 12 ans. Le cinéaste lui confie le rôle, adoré du public, de Demi-Lune, face à Harrison Ford dans « Indiana Jones et le Temple Maudit », énorme succès de l’année 1984 qui lance le désormais jeune comédien.

« Maman, j’ai gagné un Oscar »

L’année suivante, il enchaîne avec une autre production Spielberg : « Les Goonies ». Suivront quelques séries… et c’est à peu près tout. En l’espace de 36 ans, Quan ne va tourner que dans cinq longs-métrages, pour de rôles mineurs, et trois projets pour la télé. Hollywood l’a oublié. Mais lui ne va pas quitter le cinéma pour autant. Bardé de diplômes de langues et de cinéma, il est également spécialiste du taekwondo, art martial auquel il a été initié sur le tournage de « Indiana Jones ». Alors, pour gagner sa vie, il va devenir un acteur de l’ombre, plus précisément un cascadeur et une doublure, réglant les scènes très chorégraphiées de films d’action grâce à sa maîtrise du taekwondo sur des longs-métrages tels que « X-Men ».

Il est donc presque surpris quand les « Daniels », alias Daniel Kwan et Daniel Scheinert, les réalisateurs de « Everything Everywhere All At Once », lui proposent d’interpréter le mari de Michelle Yeoh dans le film. Mais eux, qui sont si cinéphiles et si épris de pop culture, n’ont pas oublié Demi-Lune. Et ils savent que ses compétences en arts martiaux serviront à merveille les nombreuses séquences d’action du film. Depuis, il vit avec sa nouvelle « famille » de cinéma un rêve éveillé. Car le long-métrage, baptisé « EEAAO » par le public, est devenu en quelques mois de 2022 le film-phénomène dont tous les Américains parlent. Ce qui a encore plus soudé cette équipe de vétérans d’Hollywood auxquels deux jeunes cinéastes ont su faire appel.

On comprend mieux l’émotion qui les a saisis tour-à-tour sur la scène des Oscars. En particulier celle Ke Huy Quan. L’enfant boat-people, qui a hurlé « Maman, j’ai gagné un Oscar », a vu « EEAAO » annoncé comme vainqueur du meilleur film par Harrison Ford, remettant d’un soir, et Steven Spielberg, concurrent malheureux, était présent dans la salle pour assister au triomphe tardif de Demi-Lune… Une histoire qui ferait un formidable scénario, auquel Spielberg pense peut-être déjà…

Texte by Le Parisien  Renaud Baronian 

Edward Norton découvre qu’il descend de Pocahontas

L’acteur de «Fight Club» et de «Glass Onion» s’est vu révéler dans une émission que la princesse indienne était son arrière-grand-mère à la 12e génération.

L’émission «Find Your Roots» (trouvez vos racines) sur PBS fouille l’arbre généalogique des stars, L’animateur et historien Henry Louis Gates Jr a dévoilé mardi 3 janvier à Edward Norton que celui-ci était un descendant direct de la princesse indienne Pocahontas. Elle est en fait sa 12e arrière-grand-mère.

 

L’acteur de «Fight Club» ou récemment de «Glass Onion» savait qu’une telle rumeur existait dans sa famille, explique CNN, mais l’historien lui a déclaré qu’il y avait des traces écrites de ce lignage. Il est donc le descendant direct de Pocahontas et de son mari le colon John Rolfe dont le mariage eut lieu en 1614 en Virginie. Le couple eut un fils, Thomas Rolfe, en 1615, mais Pocahontas mourut en revenant de Londres, en 1617, à 22 ans, sans doute d’une pneumonie ou de tuberculose.

«Cela vous fait simplement réaliser à quel point vous êtes un petit… morceau de toute l’histoire humaine», a fait remarquer Norton après la révélation.

L’acteur a moins apprécié de savoir que sont troisième arrière-grand-père possédait des esclaves, dont des enfants. «C’est inconfortable de savoir cela et il y a de quoi être mal à l’aise. Un enfant esclave âgé de 8 ans: vous avez envie de mourir en lisant cela».

Cousin de Julia Roberts

Invitée la même soirée, Julia Roberts a découvert elle aussi qu’elle avait un ancêtre esclavagiste. Et qu’elle partageait une lignée ADN avec Edward Norton. «Cela signifie que vous avez hérité de cet ADN partagé d’un ancêtre lointain, quelque part au cœur de cet arbre généalogique» a expliqué l’historien.

Texte by Le matin.ch

Amber Heard vs Johnny Depp : un risque de retour de bâton post #metoo ?

Diffusé en direct à la télévision, le procès en diffamation intenté par Johnny Depp contre Amber Heard a déclenché un torrent de propos haineux contre l’actrice. Cinq ans après #metoo, ces réactions évoquent un effet de backlash, un retour de bâton contre les victimes qui osent prendre la parole. Féministes et organisations de lutte contre les violences conjugales s’inquiètent.

1er juin 2022 : les jurés du tribunal de Fairfax, près de Washington, aux Etats-Unis, rendent leur verdict à l’issue de six semaines de débats devant la justice entre la défense de l’actrice Amber Heard et les avocats de son ex-époux, l’acteur Johnny Depp. Tous deux s’accusent mutuellement de violences et de diffamation.

Diffusé en direct à la télévision et sur Internet, le procès a tourné au grand déballage sur la vie privée du couple au vu et au su du grand public. Les extraits relayés sur les réseaux sociaux ont alors donné lieu à des torrents d’injures contre Amber Heard et de messages misogynes devenus viraux, alors que Johnny Depp, qui a 22 ans de plus que son ex, bénéficiait, lui, d’une vague de himpathy – un phénomène que la philosophe australienne  Kate Manne décrit comme « la sympathie inappropriée et disproportionnée dont bénéficient les hommes de pouvoir dans des cas d’agressions sexuelles, de violences conjugales, d’homicides et d’autres comportements misogynes ».

L’actrice de 36 ans a-t-elle diffamé son ex-mari dans sa tribune publiée en 2018 dans le Washington Post, où elle se présentait comme « une personnalité publique incarnant les violences conjugales« , sans explicitement mentionner le nom de Johnny Depp ? Telle était la question à laquelle les jurés ont répondu en la jugeant coupable de « diffamation avec réelle malveillance » contre Johnny Depp. Amber Heard est condamnée à lui verser 10 millions de dollars, plus 5 millions de dommages et intérêts. Le jury a aussi condamné Johnny Depp à 2 millions de dollars en dommages et intérêts, considérant qu’il avait lui aussi diffamée son ex-femme dans le Daily Mail. 

Règlement de comptes

La guerre juridique et médiatique entre les deux ex-conjoints remonte à 2016. Amber Heard demande le divorce, accuse Johnny Depp de violences et obtient une injonction d’éloignement – accusations éteintes par un accord financier. En 2020, un premier procès en diffamation oppose l’acteur au journal britannique The Sun, qui a publié des propos d’Amber Heard l’accusant de violences. La justice estime que les accusations de l’actrice sont fondées, même si Johnny Depp incrimine lui aussi son ex-femme pour violences. S’ensuit la tribune de la jeune femme dans le Washington Post qui mènera au procès clôt le 1er juin.

D’un côté : Amber Heard présente des preuves d’ecchymoses et de scènes de violence, d’insultes et de menaces, en général sous l’emprise de l’alcool de la part de Johnny Depp. De l’autre : l’acteur produit des enregistrements où Amber Heard reconnaît l’avoir frappée et la preuve qu’elle a déjà été arrêtée en 2009 pour violences conjugales sur son ex, Tasya Van Ree. Au final : Johnny Depp déclare avoir accidentellement donné un coup de tête à Amber Heard en essayant de l’empêcher de l’attaquer. Elle justifie les violences auxquelles elle a pu se livrer en les qualifiant d’autodéfense.

Au delà du règlement de compte sans merci entre les deux parties d’un couple toxique, le procès de Fairfax, parce que livré en direct à la vindicte du public, a donné lieu à une vague de propos haineux contre Amber Heard, la femme par qui le scandale est arrivée. Et par ricochet à toutes les victimes de violences conjugales qui osent les dénoncer. Ainsi Amber Heard l’exprime-t-elle lorsqu’elle dit sa déception face au verdict : « Je suis dévastée par le fait que la montagne de preuves n’ait pas été suffisante pour faire face au pouvoir, à l’influence et à l’ascendant bien plus importants de mon ex-mari, a-t-elle déclaré après la lecture de la sentence. Je suis encore plus déçue par ce que ce verdict signifie pour les autres femmes. C’est un revers. Cela remet en cause l’idée que la violence envers les femmes doit être prise au sérieux« .

Médiatisation toxique

La juge Penney Azcarate avait décidé d’autoriser la diffusion des audiences à la télévision de cette affaire ultra médiatisée, l’une des plus suivies au monde, malgré l’opposition des avocats d’Amber Heard. Ce fut « la pire décision prise par un tribunal depuis des décennies pour les victimes« , pense Michele Dauber, professeure de droit à l’université de Stanford, en Californie, et militante contre les agressions sexuelles sur le campus. Une décision qui révèle « une profond méconnaissance des violences sexuelles de la part de la juge« .

Amber Heard a dû « décrire son viol présumé avec des détails crus à la télévision. C’est choquant et ça devrait offenser toutes les femmes et les victimes, qu’elles soient d’accord ou non avec le verdict… », explique Michele Dauber. De fait, le procès a fasciné un public mondial peu habitué à regarder les allégations d’agressions sexuelles au sein d’un couple, puisque la dernière fois qu’une victime de viol a dû témoigner publiquement remonte à 1983.

Quelles que soient les opinions sur le verdict, c’est un problème : « Je ne pense pas que notre société comprenne encore la dynamique des violences conjugales« , déclare Ruth Glenn, présidente de la Coalition nationale contre les violences conjugales (NCADV), à l’AFP. Ce contexte n’a pas été suffisamment creusé lors des débats au tribunal, estime-t-elle. Pour elle, il n’y a « aucun doute » sur les types d’abus qui ont été révélés au procès. « Il faut s’assurer que les personnes présentes le comprennent. Mais tant que ce n’est pas le cas, ne montrons pas ce genre de choses à la télévision« .

Dénigrement, injures, moqueries

« Chaque fois qu’Amber Heard a pris la parole pour détailler les violences conjugales dont elle accuse Johnny Depp, ses paroles, relayées sur les réseaux sociaux, ont immédiatement suscité moqueries, remarques sexistes et dénigrement, qui ont un effet incontestablement désastreux sur l’objectif d’encourager les femmes à porter plainte contre des conjoints, ou des personnalités publiques violentes, » écrit sur Facebook la militante des droits des femmes Fatima-Ezzahra Benomar. « Comme c’est souvent le cas dans les affaires de violences sexistes et sexuelles, déplore-t-elle, l’actrice a été accusée de jouer la comédie quand elle pleure, ou au contraire de ne pas en faire assez quand elle ne pleure pas…. »

Désormais « chaque victime va réfléchir à deux fois avant de se manifester et demander une ordonnance d’éloignement ou de parler à quiconque des abus qu’elle a subis, déplore la professeure et militante Michele Dauber. Des femmes risquent d’être blessées, voire tuées, parce qu’elles n’ont pas appelé à l’aide. Cette affaire est un désastre complet. Elle est potentiellement catastrophique« , conclut-elle..

Misogynie en force

La professeure de droit remarque, elle aussi, que l’opinion publique soutenait Johnny Depp, alors que son ex faisait l’objet d’insultes et de quolibets « ouvertement misogynes » sur les réseaux sociaux. Amber Heard a subi « métaphoriquement le supplice du goudron et des plumes« , affirme-t-elle, alors que le jugement a été salué par la droite américaine. Des propos qui ont déclenché un tollé de propos haineux contre Michele Dauber – salope, pétasse, criminelle, mégenrée… – au point que l’un de ses comptes émetteurs a été bloqué par Twitter.

Retour de bâton après #metoo ?

La médiatisation de l’affaire Heard vs Depp pose la question de l’avenir du mouvement #MeToo, qui, depuis 2017, encourage les femmes à dénoncer les auteurs de harcèlement et d’agression sexuelles. Cinq ans après, l’irrésistible raz-de-marée marque le pas. « Il est impossible de ne pas y voir un retour de bâton pour #MeToo, les femmes sont allées trop loin. Mesdames, on vous a écouté et on a condamné quelques hommes. Ne soyez pas trop cupides« , écrit ainsi un internaute sur Reddit.

D’autres, comme Ruth Glenn, du NCADV, veulent y voir une piqûre de rappel du travail qui reste à accomplir. Pour Tarana Burke, fondatrice de #MeToo, « le mouvement est tout à fait vivant. C’est le système qui est corrumpu ». L’instigatrice de #MeToo appelle à se concentrer sur le courage de millions de femmes ayant dénoncé des violences plutôt que sur les batailles judiciaires, gagnées ou perdues.

Au paroles de Tarana Burke font écho celles d’Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes en France, qui a réagi aux milliers, voire millions d’insultes de tiktokeurs qui font payer à Amber Heard d’avoir écorné l’image de Johnny Depp, ce « mâle parfait ». Pour elle, ce backlash ne stoppera pas le mouvement, car « #metoo ne peut se résumer à un procès et résonne partout sur la planète : rien ne peut arrêter un mouvement dont le moment est venu« .

A l’issue du procès, l’avocate d’Amber Heard déclare que sa cliente ne peut « absolument pas » payer les plus de 10 millions de dollars de dommages-intérêts qu’elle est condamnée à verser à son ex-époux. Estimant que l’actrice a été « diabolisée » par la partie adverse, elle déclare vouloir faire appel de la décision du jury.

Text by Terriennes Liliane Charrier

Avantage Johnny Depp dans le procès de l’opinion publique

Contrairement à Amber Heard, l’acteur bénéficie d’un soutien massif que ce soit sur les réseaux sociaux ou devant les portes du tribunal.

Les débats du procès en diffamation opposant Johnny Depp et Amber Heard se terminent vendredi au tribunal de Fairfax et son issue reste incertaine, mais le «Pirate des Caraïbes» peut compter sur un large soutien dans la rue ou sur les réseaux sociaux.

Les accusations mutuelles sont pourtant lourdes. Johnny Depp assure que son ex-femme a ruiné sa réputation en affirmant, dans une tribune publiée en 2018, avoir été victime de violences conjugales deux ans auparavant. Il rejette ces allégations et réclame 50 millions de dommages-intérêts.

Amber Heard, 36 ans, a contre-attaqué et demande le double, assurant avoir subi des années de violences, dont un viol en 2015, et accusant son ex-mari d’avoir voulu «ruiner sa carrière».

Le public pour Johnny

Chaque matin, plusieurs centaines de personnes accueillent l’acteur devant le tribunal de cette petite ville de Virginie, proche de Washington, comparé à une poignée de pancartes en faveur d’Amber Heard. Sur les réseaux sociaux, l’avantage est également clairement au comédien de 58 ans. Les passions se déchaînent sur Twitter et TikTok où avec 15,3 milliards de «vues» mardi, le hashtag «Justice pour Johnny Depp» dépassait largement «Je suis avec Amber Heard» (8,4 millions).

«Rien ne me surprend avec les réseaux sociaux et les célébrités» et cette affaire concerne «deux grandes célébrités», explique à l’AFP Jason Mollica, professeur de communication à l’American University. Selon lui, Johnny Depp est un acteur de renommée mondiale qui a toujours fui les mondanités et conservé «ce côté mystérieux» qu’aiment les fans.

Amber Heard, elle, est bien moins connue. Elle tente depuis le début du procès d’apparaître «plus normale et proche des gens», selon M. Mollica, mais son ancienne assistante, Kate James, a décrit une personnalité «agressive» et «théâtrale».

Les internautes «expriment leurs opinions sans être des experts de la justice», dit l’ancien journaliste. Ce procès a révélé «les côtés les plus tape-à-l’œil de l’affaire mais nous n’aurons peut-être jamais la vérité, enfouie dans les eaux boueuses des réseaux sociaux».

Hostilité envers Amber

L’hostilité à Amber Heard, ambassadrice de l’organisation des droits civiques ACLU pour les violences conjugales, est ancienne. La carrière de l’actrice «était au bord d’une ascension fulgurante» après le succès mondial d’«Aquaman» sorti fin 2018, a affirmé lundi Kathryn Arnold, une spécialiste de l’industrie du divertissement. Mais elle a subi «beaucoup de publicité négative» après la tribune publiée dans le «Washington Post», a-t-elle ajouté.

Les campagnes de cyberharcèlement suivaient généralement les déclarations d’un des avocats de Johnny Depp et avaient entouré le premier procès en diffamation intenté par l’acteur à Londres en 2020, a estimé Ron Schnell, un expert en analyses des réseaux sociaux.

Un responsable des studios Warner Bros a toutefois mis l’accent sur «l’absence d’alchimie» entre elle et l’acteur Jason Momoa durant «Aquaman» pour expliquer ses apparitions limitées dans le deuxième opus, filmé en 2021. Et à Hollywood, peu de vedettes ont affiché leur soutien à Amber Heard, au contraire de Johnny Depp.

L’avenir de #MeToo

Dans une tribune, le «New York Times «craignait récemment que l’issue du procès, si les jurés ne donnaient pas raison à Amber Heard, pourrait signifier la «mort» du mouvement #MeToo contre les violences faites aux femmes. «Je ne pense pas qu’il influencera les victimes dans leur volonté ou non de dénoncer les abus», estime toutefois Shana Maier, professeure de justice criminelle à l’Université Widener.

De même, elle écarte le risque de «retour de bâton sur les victimes ou les associations de défense des femmes». Elle souligne que ce procès a le mérite de «mettre en lumière la question des violences conjugales». «Il y aura toujours des gens qui diront d’Amber Heard: «pourquoi a-t-elle dit ça si ce n’est pas arrivé?» abonde Jason Mollica.

Un précédent?

Pour M. Mollica, ce procès pourrait toutefois influencer d’autres procès en diffamation impliquant des célébrités, comme celui intenté par le chanteur Marilyn Manson, un ami de Johnny Depp, contre son ex-petite amie Evan Rachel Wood.

La sélection des jurés pourrait ainsi se compliquer si un avocat du rockeur estime que «les jurés ne connaissent peut-être pas tous les faits, mais ils connaissent les noms Depp, Heard et Manson, et rien que ça les empêche d’être impartiaux», dit Jason Mollica. Pour Shana Maier en revanche, le procès Marilyn Manson «sera jugé sur son propre mérite».

Text by Le Matin.ch (AFP)