fbpx

Multiplication des attaques d’orques contre les voiliers dans le détroit de Gibraltar

Depuis trois ans, les attaques d’orques contre des voiliers se multiplient au large des côtes de l’Espagne. Entre 2020 et 2022, leur nombre a atteint près de 500, selon le Groupe de Travail sur l’Orque de l’Atlantique. Un phénomène qui suscite les interrogations des scientifiques et des autorités.

Depuis trois ans, les attaques d’orques contre des voiliers se multiplient au large des côtes de l’Espagne. Entre 2020 et 2022, leur nombre a atteint près de 500, selon le Groupe de Travail sur l’Orque de l’Atlantique. Un phénomène qui suscite les interrogations des scientifiques et des autorités.

« Ils ont directement attaqué le radar. Ils n’ont pas tourné autour du bateau ni cherché à jouer… rien! Ils ont foncé à toute vitesse sur le radar », raconte à l’AFP Friedrich Sommer, propriétaire allemand du « Muffet », un voilier endommagé par une attaque d’orques.

Il n’est pas le seul à attendre à Barbate, petite ville de la côte atlantique andalouse (sud de l’Espagne), que son bateau soit réparé. « Celui-ci a complètement perdu son gouvernail » et les orques ont fait « des dégâts structurels au niveau de la coque », explique Rafael Pecci, chargé des réparations, à propos d’un voilier appartenant à un autre étranger.

Depuis la plage principale, on aperçoit non loin le mât d’un bateau ayant coulé début mai après une attaque de ces cétacés, qui peuvent atteindre neuf mètres de long pour les mâles et sept pour les femelles, pour un poids de 3,5 à 6 tonnes.

28 « interactions »

Ces « interactions », terme employé par les spécialistes et les autorités pour décrire ces attaques, ont débuté en 2020 au large des côtes atlantiques de la péninsule ibérique, particulièrement entre Cadix et Tanger (Maroc). Cela s’explique par la présence accrue dans cette zone à proximité du détroit de Gibraltar de l’une des proies favorites des orques: le thon rouge, qui vient au printemps de l’Atlantique pour pondre en Méditerranée.

Selon l’organisation de sauvetage en mer espagnole Salvamento Marítimo, 28 « interactions » ont déjà eu lieu en 2023. Entre 2020 et 2022, leur nombre a atteint près de 500, selon le Groupe de Travail sur l’Orque de l’Atlantique (GTOA).

Plusieurs hypothèses

« On en sait très peu sur les causes de ces interactions », affirme à l’AFP José Luis García Varas, responsable du programme Océans du Fonds mondial pour la nature (WWF) en Espagne. Les légendes ne manquant pas dans la région et une orque est rapidement devenue l’emblème du phénomène: Gladis Lamari, matriarche d’un clan, à laquelle on attribue de nombreuses attaques, aurait appris à ses petits à s’en prendre aux voiliers.

Les orques « forment des familles, des groupes, ils sont très intelligents et il y a une sorte de transmission orale de la connaissance entre eux », souligne José Luis García Varas.

Docteur en sciences marines et président de l’organisation Circe (Conservation, Information et Etude des Cétacés), Renaud de Stephanis estime, pour sa part, qu’il existe « plusieurs hypothèses » pouvant expliquer ces attaques. Si certains expliquent ce comportement par une certaine « animosité » que ressentiraient les orques face aux voiliers et autres bateaux, d’autres y voient de simples « jeux ». A l’heure actuelle, « nous n’avons pas d’explication définitive », souligne-t-il.

Texte by RTS.ch ats/fgn