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Existe-t-il une alternative au canal de Suez en passant par la Sibérie ?

Le canal de Suez est hors service depuis le 24 mars 2021. Cela pourrait encore durer plusieurs jours, le temps de remettre l’Ever Given dans le sens de la marche. Mais un passage des navires par la Sibérie serait également possible. Cette voie maritime du Nord représente une alternative crédible pour relier l’Asie à l’Europe.

Depuis mercredi 24 mars, le Canal de Suez est bloqué par un porte-conteneurs (l’Ever Given) de 400 mètres qui s’est mis en travers, bloquant la circulation dans les deux sens. L’Égypte fait son maximum pour débloquer cette route commerciale cruciale entre l’Europe et l’Asie. Mais dégager un tel mastodonte pourrait prendre plusieurs jours, voire des semaines…

Détour de 6 500 km

Plusieurs centaines de navires sont actuellement bloqués. Certains ont fait demi-tour et espèrent rejoindre l’Europe en contournant l’Afrique via le cap de Bonne-Espérance. Ce détour représente près 6 500 kilomètres et se fait entre cinq à neuf jours de mer selon la vitesse du navire.

Cela va entraîner un retard dans la chaîne logistique et les prix pourraient flamber dans certains domaines.

Une piste pourrait être exploitée à l’avenir. Il s’agit de la route maritime du Nord (RMN) qui permet de relier l’océan Atlantique à l’océan Pacifique en longeant la côte nord de la Russie. C’est le chemin le plus court pour relier l’Europe à l’Asie sans emprunter le canal de Suez, via le détroit de Béring. Un trajet qui se fait pour l’essentiel dans les mers arctiques. Le navigateur cosaque Simon Dejnev, a franchi pour la première fois le détroit de Béring en 1648. Seul hic, il n’est navigable qu’en été.

L’intérêt russe

Sauf que le réchauffement climatique est en train de changer la donne. Ainsi, la fonte de la banquise ouvre de nouvelles perspectives aux Russes. Jusqu’à présent, la banquise a toujours été le principal obstacle au développement de la région.

Une vingtaine de navires empruntent ce passage chaque année entre juillet et décembre. Les Russes souhaiteraient ouvrir cette route au commerce toute l’année d’ici à 2035.

Dans quatre ans, le ministère russe des Transports espère passer de 80 millions de tonnes le nombre de marchandises sur la RMN, contre 10,05 millions aujourd’hui. La route du Nord (Sevmorput en Russe) permet de raccourcir de quinze jours le trajet vers l’Asie. Elle présente un intérêt stratégique pour éviter le détroit de Gibraltar, au sud, et rejoindre le Pacifique en moins de trois semaines.

Aujourd’hui, seuls les brise-glace russes passent en période hivernale. « À l’heure actuelle, la Russie possède deux fois plus de brise-glace que tous les pays du monde réunis, soulignait le chercheur Mikaa Mered dans un article paru sur Slate.fr. Plus ces eaux se réchauffent, et plus les autres pays pourront s’immiscer dans la région. »

La Russie posséderait une quarantaine de ces navires, dont une dizaine à propulsion nucléaire. Des monstres de métal capables d’éventrer la banquise sur plus de 30 mètres de long et d’y créer un passage pour d’autres navires, comme des tankers, ou des méthaniers. Les trajets maritimes vers Rotterdam seraient alors considérablement réduits.

Des contraintes existent

Toutefois, cette route maritime du Nord présente quelques inconvénients. La première est que les autorités russes exigent à tous les navires de déclarer leur passage quarante-cinq jours à l’avance. La Russie considère la route maritime du Nord comme faisant partie de ses eaux territoriales, car elle est située à moins de 200 miles (370 kilomètres) de ses côtes.

La deuxième est le coût écologique que représenterait l’ouverture du trafic dans cette région. La navigation en Arctique pourrait accélérer le réchauffement de la Sibérie. Avec des conséquences inattendues, telles que la fonte du permafrost, cette terre gelée sur laquelle de nombreuses villes ont été construites pendant l’ère soviétique.

« Environ 20 % des infrastructures et 50 % des habitations de ces zones seront menacées d’ici à 2050 », prévient le géographe Dmitriy Streleskiy dans une publication américaine.

Entre commerce et protection de l’environnement, la Russie devra faire des arbitrages.

ouest-france.fr/Par Olivier DUPLESSIX

Contre toute attente, «Zack Snyder’s Justice League» est une réussite.

Sortie en 2017, la version de «Justice League» telle qu’envisagée par Zack Snyder, réalisateur de «Man of Steel» et de «Batman vs Superman», n’était plus que l’ombre d’un film. La réunion de Batman, Aquaman, Flash, Cyborg, Wonder Woman et de Superman afin d’être de taille pour lutter contre une menace interplanétaire, était devenue une exécrable bouillie au terme d’une production chaotique.

Tout ce qui devait mal se passer s’était concrétisé. Avant même son départ du tournage suite à une tragédie familiale, Zack Snyder avait déjà eu les ailes coupées par un studio, la Warner Bros., obsédé par la réussite des films Disney/Marvel et désorienté par le relatif échec de ses productions rivales. L’arrivée de Josh Whedon, en tant que «script doctor» avant le départ de Snyder, puis chargé de recoller les morceaux après, n’a fait qu’empirer les choses. Au final, «Justice League» n’était plus qu’une succession de scènes d’action soporifiques reliées par de longs tunnels dialogués insipides aboutissant sur un final grotesque.

Le poids des fans

La catastrophe industrielle était telle que jamais nous n’aurions cru que Snyder, soutenu par ses fans et par la majorité de la distribution, ait pu réparer quoi que ce soit. C’est pourtant ce qui est arrivé. Lancé jeudi dernier sur HBO Max, le Netflix des studios Warner, «Zack Snyder’s Justice League», bien que composée de scènes existantes et de nouvelles tournées après coup, enfonce le replâtrage de Whedon dans tous les départements. Magie du montage, du rythme retrouvé et de nombreux éléments réintroduits… alors que la version de deux heures nous assommait, celle de quatre heures est parvenue à nous maintenir rivé sans faillir. C’est dire l’étendue du miracle.

Pour ne pas révéler un quelconque élément susceptible de nuire à votre plaisir (pour autant que vous ne développiez pas une allergie à ce type de superproductions numériques), contentons-nous de relever l’introduction de nombreuses séquences purement visuelles, sans dialogue donc, qui font progresser une narration qui en avait grand besoin. Il manquait en outre de nombreux éléments pour accorder aux nouveaux entrants, Cyborg et Flash en particulier, de quoi subsister, c’est chose faite désormais. Notons encore des changements significatifs sur la nature des principaux antagonistes et aussi de Superman. Quant aux rêves «prémonitoires» de Batman aperçus dans «Batman vs Superman», les voilà réintégrés de la plus belle des manières.

La patte de Snyder retrouvée

Tout cela fait que, sa cohérence retrouvée, le style très reconnaissable de Zack Snyder peut s’épanouir. Il a certes ses fans et ses détracteurs, on le remercie néanmoins d’avoir su intégrer les séquences au ralenti qui portent sa marque avec plus de pertinence. On lui pardonne aussi aisément la coquetterie de présenter son montage dans un format Imax radical, proche du 4:3 d’antan, qui laisse apparaître des barres noires à gauche et à droite de nos écran 16:9. Surpris au début mais sans constater un quelconque déséquilibre dans la composition, on a rapidement concédé que ce choix ne nuisait en rien au spectacle.

Reste à savoir si cette remise des pendules à l’heure, au début considérée avec réticence par la Warner, permettra de remettre sur les bons rails un univers étendu DC mis à mal par les atermoiements du studio. Le «Zack Snyder’s cut» introduit certes de nouveaux points d’accroche très intrigants pour de futurs wagons; pourtant, rien de dit encore vraiment si le convoi se reformera ou s’il restera dispersé autour d’une station de triage malmenée.

Annoncé pour le 20 mai sur Hollystar.ch – ce qui n’exclut pas que d’autres plateformes actives en Suisse s’annoncent –, le film n’est pas exploité en salles. Il reste aussi la perspective d’une sortie sur supports physiques (Blu-ray et Blu-ray 4K), le 31 décembre prochain, et, pour les plus pressés, la tentation du téléchargement ou du recours aux plateformes de streaming «grises».

Le Matin.ch by Jean-Charles Canet

 

Japon : des murs anti-tsunami toujours plus hauts et longs depuis 2011

Depuis le terrible tsunami de 2011 ayant engendré la catastrophe de Fukushima, le Japon a intensifié la construction et la reconstruction de protections sur les parties les plus touchées de son littoral. À l’aide d’un budget gigantesque, le pays désire se prémunir plus efficacement face aux éventuels futurs tsunamis dévastateurs.

Les habitants se croyaient en sécurité

Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9,1 s’est produit dans l’océan Pacifique à environ 300 km au nord-est de Tokyo. Moins d’une heure plus tard, un tsunami a frappé le littoral avec une vague estimée à trente mètres de hauteur par endroits. L’eau aura par ailleurs pénétré jusqu’à dix kilomètres à l’intérieur des terres et causé la disparition d’au moins 18 500 personnes. Ce terrible tsunami a causé le second plus important accident nucléaire de l’Histoire, derrière celui de Tchernobyl en 1986.

Si la principale préoccupation semble actuellement être l’avenir des eaux contaminées de Fukushima, une autre parait tout aussi importante : se prémunir face aux futurs tsunamis dévastateurs. Le 5 mars 2021, l’AFP a fait un état des lieux de la situation dix années après la catastrophe. La publication cite l’exemple de la petite ville de Taro dans la préfecture d’Iwate (nord-est du pays). Avant le terrible tsunami, les habitants se pensaient en sécurité. Pour le guide touristique local Kumido Motoda, il s’agissait même de la ville parfaite pour se protéger des catastrophes naturelles.

Il faut dire que depuis la fin du XIXe siècle, cette localité a été plusieurs fois impactée par des tsunamis d’envergure. Dès 1934, la commune a donc construit des remparts de béton de 10 m de haut sur une distance de 2,4 km au niveau du littoral. Les autorités ont également aménagé 44 routes d’évacuation avec un éclairage basé sur l’énergie solaire. L’objectif ? Permettre aux habitants de se mettre à l’abri en à peine dix minutes. Malheureusement, le tsunami de 2011 a généré des vagues de 16 m de haut. Résultat, les eaux ont détruit les remparts et emporté les maisons et les véhicules. Le bilan humain de la catastrophe à Taro s’élève à 140 décès et 41 disparus.

Mieux se prémunir à l’avenir

Depuis, le gouvernement japonais a investi l’équivalent de dix milliards d’euros pour construire (et reconstruire) les remparts des régions côtières. Prochainement, 430 km de digues en continu devraient être achevés dans les trois départements les plus impactés en 2011, à savoir Fukushima, Iwate et Miyagi. À Taro, les murs s’élèvent désormais à une hauteur d’environ 15 m et couvrent à nouveau plus de 2 km de littoral.

Alors que la vue sur la mer est aujourd’hui moins évidente, les experts ont justifié la construction des digues. Ils ont en effet évoqué une double protection : repousser la force des vagues tout en réduisant les dégâts et donnant davantage de temps aux habitants pour s’abriter. Par ailleurs, ces nouvelles digues ont des bases plus larges et leur intérieur a fait l’objet d’un renforcement. Évoquons également une amélioration des systèmes d’alerte et une optimisation des routes d’évacuation.

Texte by

SpaceX: le prototype de fusée explose au sol quelques minutes après son atterrissage.

Le « magnifique atterrissage en douceur” du prototype SN10 a finalement tourné court quelques minutes plus tard.

SPACEX – Un prototype de la future fusée géante Starship de la société SpaceX, dont deux précédents exemplaires s’étaient écrasés dans d’énormes boules de feu au terme de leur vol d’essai, a réussi son atterrissage ce mercredi 3 mars au Texas, mais a explosé au sol quelques minutes plus tard, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

“Un magnifique atterrissage en douceur”, avait commenté SpaceX dans la vidéo retransmettant le vol d’essai en direct. Des flammes étaient toutefois visibles au pied de la fusée, en train d’être éteintes par les équipes sur place. Quelques minutes plus tard, une énorme explosion a projeté l’engin en l’air, qui s’est fracassé en retombant au sol.

Aucune explication n’a été fournie dans l’immédiat.

Ce véhicule est appelé à devenir la fusée de choix de SpaceX, fondée par le milliardaire Elon Musk, pour aller un jour sur Mars.

Dix kilomètres d’altitude

Le prototype, nommé SN10, pour “Serial Number 10”, a décollé un peu avant 23h20 depuis Boca Chica, au Texas, pour un troisième test suborbital.

L’engin est monté dans le ciel, propulsé par trois moteurs, qui se sont éteints les uns après les autres, et le véhicule s’est renversé pour se placer en position horizontale. 

Il a atteint les 10 kilomètres d’altitude, avant d’entamer sa descente, et la fusée s’est ensuite replacée en position verticale, réussissant à se poser, à première vue sans encombre, à l’endroit souhaité. 

Deux autres prototypes (SN8 et SN9) s’étaient écrasés à l’atterrissage, en décembre, puis début février. 

Ces essais se produisent dans une zone quasi-déserte louée par SpaceX, à l’extrême sud du Texas, près de la frontière avec le Mexique et au bord du golfe du Mexique ― une zone suffisamment vide pour qu’un accident ou une explosion ne cause pas de dommages, ni ne fasse de victimes.

Elon Musk imagine lancer un jour plusieurs de ces vaisseaux à la conquête de Mars. Mais dans un premier temps, la fusée, si elle devenait opérationnelle, pourrait s’avérer utile pour des voyages plus proches, notamment pour la Lune.

By huffingtonpost.fr

Daft Punk se sépare mais les fans ont bien du mal à y croire

DAFT PUNK – Plus de 160.000 tweets une heure après la mise en ligne de la vidéo “Epilogue” et une moyenne de 27 tweets par seconde: l’annonce de la séparation des Daft Punk a eu l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. Il faut dire que depuis le début de leur carrière, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ont habitué leurs fans aux annonces aussi mystérieuses que surprenantes.

Lundi 22 février 2021, aux alentours de 15h30. Après cinq ans de “silence” total, la chaîne YouTube des Daft Punk aux quelque 4 millions d’abonnés donne signe de vie. Une vidéo longue de près de 8 minutes intitulée “Epilogue” est mise en ligne sans autre information. 

Très vite, certains internautes se réjouissent à l’idée d’y voir (enfin) l’annonce d’un nouvel album, huit ans après le succès fou de “Random Access Memories”. D’autant qu’au cours des derniers mois, plusieurs rumeurs et (faux) documents officiels laissaient à penser que le retour du groupe était imminent. On avait même cru un temps qu’ils s’inviteraient dans le show de The Weekend au dernier Super Bowl.

Mais au milieu des images du duo casqué d’“Epilogue”, l’une interpelle plus que les autres: une épitaphe indiquant “1993-2021”. Il faudra finalement attendre de voir Kathryn Frazier, l’attachée de presse historique du groupe, prendre la parole dans les colonnes de plusieurs médias de référence (Pitchfork, Variety et l’AFP notamment) pour confirmer que cette vidéo signe bel et bien la séparation du groupe après 28 ans de collaboration. 

Un clip nouveau? Pas du tout. Les images de cette vidéo ne sont que des bouts du confidentiel long-métrage de science-fiction “Electroma” réalisé par les Daft Punk en 2006 et qui imagine le périple de robots qui souhaitent devenir des humains. Un morceau inédit en clôture? Non plus. Les notes d’électro qui résonnent à la fin de la vidéo sont extraites de “Touch”, titre présent sur le dernier album “Random Access Memories”.

Et si certains ont encore du mal à croire que l’histoire des Daft Punk se termine ainsi, c’est en partie à cause de la stratégie marketing savamment orchestrée par le groupe au fil de ces trois décennies. “Dès leurs débuts, les deux Français ont fait du marketing une composante intégrée à leur processus créatif, avec une idée simple: cultiver la rareté et le mystère”, résume l’AFP. “Les Daft Punk ne montrent jamais leurs visages, vont peu à la télévision et sortent peu de disques. Résultat, chacune de leur apparition est un événement et leurs casques de robots sont devenus une marque immédiatement identifiable.”

Depuis 1997, c’est masqués puis casqués que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo apparaissent pour de rares concerts ou interviews. En 2013, c’est avec une simple boucle de 15 secondes diffusée dans une coupure pub du Late show SNL qu’ils officialisent la sortie de leur opus “Random Access Memories”. En 2014 ils raflent cinq prix historiques sur la scène des Grammy Awards tout en restant complètement silencieux.

“Ils ont su créer un mystère, ils jouent sur le fantasme. Tout le monde se
demande à quoi ils ressemblent, comment ça se passe vraiment. C’est la clé de
leur succès”, expliquait sur France Info le producteur Pedro Winter, ancien manager du duo, au moment de la sortie de leur dernier album.

En bref, en près de trente ans de carrière, on compte sur les doigts d’une seule main le nombre d’albums du groupe tout comme les photos où l’on voit leurs visages. Et forcément, autant de mystère a toujours titillé l’intérêt du plus grand nombre, créant une vraie “Daftmania” et des théories par centaines au moindre bruissement. Les Daft Punk en ont joué et brillamment orchestré chacun des moments importants de leur carrière.

À tel point que l’on continue encore à douter: cette annonce inattendue de leur séparation ne cache-t-elle pas une autre surprise?

Huffpost.fr by Louise Wessbecher

Sonde sur Mars, astronautes sur la Lune… Pourquoi la Chine tient tant à remporter la course à l’espace

Mercredi 10 février, la sonde Tianwen-1 est arrivée dans l’orbite de Mars. Une nouvelle étape dans la conquête spatiale chinoise, analysée sur The Conversation.

Tous les yeux rivés vers les étoiles. La mission Persévérance de la Nasa a atterri sur la Planète rouge, jeudi 18 février. Elle est la troisième à arriver sur Mars en une semaine, avec celle des Emirats arabes unis et de la Chine. Le 10 février, la sonde Tianwen-1 est ainsi arrivée dans l’orbite de la planète. Elle devrait déposer, au printemps, un robot téléguidé à roues sur le sol martien. Une mission qui permettra à Pékin de poursuivre ses ambitions en matière de conquête spatiale, entamée sous Mao il y a soixante ans. Le pays « rêve d’espace », selon les mots du président chinois Xi Jinping. Pour The Conversation, Steffi Paladini, de l’université de Birmingham, décrypte ces velléités. 

Au vu de ses réalisations au cours de la dernière décennie, il est tout à fait logique que la Chine cherche à gagner la nouvelle course à l’espace. Non seulement a-t-elle été le seul pays à envoyer une sonde sur la Lune au cours des quelque quarante dernières années – et le premier de toute l’histoire à réussir un alunissage sur sa face cachée, mais elle a également planté un drapeau sur le sol lunaire et ramené des échantillons sur Terre.

Pour autant, la course à l’espace, à laquelle participent plusieurs nations et entreprises privées, est loin d’être terminée. La Chine s’intéresse désormais à Mars avec sa mission Tianwen-1, qui est arrivée dans l’orbite martienne le 10 février. Une insertion réussie en orbite – le rover ne se posera pas avant mai – qui marque une nouvelle étape cruciale à plus d’un titre.

Même si Mars est relativement proche de la Terre, c’est une cible difficile à atteindre. Rien ne le démontre mieux que les chiffres. Sur 49 missions jusqu’en décembre 2020, seules 20 environ ont été couronnées de succès. Tous ces échecs n’étaient pas le fait de novices ou de premières tentatives. En 2016, le Schiaparelli Mars Explorer de l’Agence spatiale européenne s’est écrasé sur la surface de la planète rouge. De plus, des problèmes techniques persistants ont forcé l’ESA et son partenaire russe Roscosmos à reporter sa prochaine mission, ExoMars, jusqu’en 2022.

La Chine n’est pas le seul pays à s’approcher de Mars. Le 9 février, une sonde des Émirats arabes unis, Hope, a réussi la même manœuvre d’insertion. Elle n’est pas un concurrent direct de la mission chinoise (la sonde ne fera qu’orbiter autour de la planète pour étudier la météo martienne), mais le rover Perseverance, de la NASA, arrivé une semaine plus tard, l’est sans aucun doute.

Un élément rend l’enjeu encore plus important pour Pékin : l’un des rares pays qui ont réussi la fameuse manœuvre d’insertion en orbite est l’Inde, concurrente directe de la Chine dans l’espace mais aussi sur Terre.

La mission indienne MOM (Mars Orbiter Mission), alias Mangalyaan, a atteint Mars en 2014 – elle fut la première à réussir cet exploit dès sa mission inaugurale. C’est l’une des raisons pour lesquelles le succès de Tianwen-1 est si important pour le statut de la Chine en tant que nouvelle puissance spatiale : c’est une façon de réaffirmer sa domination spatiale sur son voisin. Contrairement à l’Inde, ce n’est pas la première fois que la Chine tente une mission vers Mars (la précédente, Yinghuo-1, en 2011, a échoué au lancement). Cependant, cette fois, les chances de succès semblent bien meilleures.

L’ère spatiale 2.0

Les différents pays ont des modèles de développement spatial différents. La nouvelle course à l’espace est donc en partie une compétition pour avoir la meilleure approche. Cela reflète le caractère spécifique de l’ère spatiale 2.0 qui, par rapport à la première, semble plus diversifiée et où les acteurs non américains, publics et privés, occupent une place importante, en particulier les acteurs asiatiques. Si la Chine est en tête du peloton, sa vision l’est aussi.

Mais il y a des enjeux plus importants. L’effort de développement du secteur spatial chinois est encore largement financé par le gouvernement et dirigé par l’armée. Selon la US-China Economic and Security Review Commission, une commission du Congrès américain, la Chine considère l’espace comme un « outil de concurrence géopolitique et diplomatique ». Il est clair qu’avec le cyberespace, le cosmos est devenu un nouveau domaine de combat fondamental, où les États-Unis sont le principal – mais pas le seul – adversaire. Cela signifie que les considérations commerciales passent au second plan pour de nombreux pays, même si elles sont pris de plus en plus d’importance en règle générale.

La Chine a déjà adopté des plans quinquennaux pour ses activités spatiales. Le dernier en date s’est terminé en 2020 avec plus de 140 lancements. D’autres missions sont prévues : une nouvelle station spatiale orbitale, la récupération d’échantillons martiens et une mission d’exploration de Jupiter, entre autres.

Alors que les ressources engagées par le pays restent largement inconnues (nous ne savons que ce qui est inclus dans les plans quinquennaux), les estimations américaines pour 2017 sont de 11 milliards de dollars, ce qui place la Chine en deuxième position après les États-Unis eux-mêmes – le budget de la NASA pour la même année était d’environ 20 milliards de dollars.

L’Inde a adopté une approche différente, où les intérêts civils et commerciaux prédominent. Suivant le modèle de transparence de la NASA, le pays publie des rapports sur les activités et les dépenses annuelles (environ 1 milliard de dollars US par an de son agence spatiale, l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO).

Différent par ses ambitions, sa portée et ses investissements, le programme spatial indien a remporté des succès remarquables, comme la commercialisation de services de lancement abordables pour les pays désireux d’envoyer leurs propres satellites en orbite. En 2017, l’Inde est entrée dans l’histoire avec le plus grand nombre de satellites – 104 – jamais lancés par une fusée sur une seule mission à ce jour (tous sauf trois ont été ayant été construits et appartenant à des intérêts étrangers). Ce record a été battu par SpaceX en janvier 2021, avec 143 satellites. Plus impressionnant encore est le coût relativement faible de la mission indienne sur Mars, 74 millions de dollars US – environ dix fois moins cher que la mission Maven de la NASA. Le premier ministre indien, Narendra Modi, a déclaré que la mission entière coûtait moins que le film hollywoodien Gravity.

Pour des raisons géopolitiques, cela pourrait bientôt changer. Le gouvernement indien a publié son rapport annuel 2019-2020, qui montre une implication militaire croissante dans le secteur spatial. Et d’autres missions sur la Lune et Vénus sont prévues par l’ISRO indienne, comme s’il fallait encore plus motiver les Chinois à faire de Tianwen-1 un succès retentissant. La course à l’espace 2.0 prend de plus en plus d’ampleur…The Conversation

Steffi Paladini, Reader in Economics & Global Security, Birmingham City University. Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

Coronavirus : Dubaï, Cuba et la Floride font le pari du « tourisme vaccinal »

ÉCLAIRAGE – Certaines agences de voyages n’hésitent plus à proposer des séjours « all-inclusive », vaccin compris.

Se dorer la pilule au soleil, cocktail à la main, entre deux doses de vaccin, qu’en dites-vous? Le concept du « tourisme vaccinal » semble en tout cas se répandre de plus en plus. Alors que l’Europe tremble à l’idée d’une pénurie, certains pays n’hésitent pas à proposer la piqûre sous les cocotiers. 

« Caraïbes, mojito et vaccin »… Ce spot est diffusé depuis Cuba à toute l’Amérique du Sud. Dès mars prochain, les touristes qui restent trois semaines sur l’île auront bien droit aux vaccins cubains, comme l’annoncent, entre deux photos de plage, les autorités dans ce petit film publicitaire : « les touristes ont l’option, s’ils le souhaitent, de se faire vacciner à Cuba ». 

Pas loin de là, en Floride, ce sont les voisins du nord, les Québécois de plus de 65 ans, qui peuvent s’inscrire pour être vaccinés. Pas besoin pour eux d’être résident, d’avoir une propriété en Floride. Une proposition qui irrite de nombreux Américains. 

Et puis, il y a ce cas exceptionnel pour les plus riches des Britanniques de plus de 65 ans, ceux qui appartiennent à un cercle londonien très fermé. Moyennant 45.000 euros, ils sont invités à résider à Dubaï pendant un mois, voyages en première classe ou en jet privé, villas réservées et vaccins à double dose compris. 

By RTL Bénédicte Tassart 

édité par Thomas Pierre

À Martigues, 97 verbalisations pendant OM-PSG dans un bar

En plein couvre-feu, 97 personnes se sont réunies dans un bar à chicha de Martigues (Bouches-du-Rhône) sans respect des consignes sanitaires contre le Covid-19.

COUVRE-FEU – C’est une soirée qui leur a coûté cher. Ce dimanche 8 février, 97 personnes réunies dans un bar à chicha de Martigues (Bouches-du-Rhône) pour regarder OM-PSG en plein couvre-feu et sans respect des consignes sanitaires ont été verbalisées, a annoncé la police. 

Toutes ont écopé d’une amende (135 euros) ou d’une double amende (270 euros) pour non-port du masque et non-respect du couvre-feu, détaille la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) à l’AFP.  “Il n’y avait aucun respect des distanciations. C’était complètement déraisonnable, du n’importe quoi”, commente-t-on à la DDSP. 

Ces verbalisations se sont intensifiées ces dernières semaines en France dans le cadre d’un renforcement des contrôles pour faire respecter le couvre-feu. Début février par exemple dans le Val-de-Marne, à Paris, les forces de l’ordre ont procédé à 133 verbalisations pour violation du couvre-feu après une fête clandestine réunissant 80 personnes. 

Au total, 177.000 amendes ont été réalisées depuis la mise en place du couvre-feu généralisé à 18h samedi 16 janvier, a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à l’occasion du point presse organisé ce jeudi 4 février pour faire le point sur la situation sanitaire en France. 

Dans le détail, “le nombre de ces contrôles à augmenté de 39% le week-end dernier par rapport au week-end précédent, a déclaré le ministre qui a assuré que ces contrôles continueraient de “s’intensifier”. Les verbalisations, elles, “ont augmenté de 53%”. 

Gérald Darmanin a également déclaré avoir “demandé aux forces de l’ordre d’être particulièrement vigilants au sujet des fêtes clandestines et restaurants clandestins”.

Le HuffPost avec AFP

Le Starship a encore explosé à l’atterrissage, mais SpaceX est optimiste

SpaceX a fait voler un autre prototype de sa future fusée Starship. Si la quasi-totalité de l’essai s’est bien passée, l’atterrissage a encore été manqué. L’engin SN9 a fini sa carrière dans une spectaculaire explosion.

Bis repetita pour Starship. Mardi 2 février avait lieu un nouveau test du prototype de la future fusée de SpaceX. Il s’agissait du neuvième exemplaire de l’engin (SN9, pour Serial Number 9) à être ainsi éprouvé. Le but ? Effectuer un « bond » en haute altitude, exécuter des manœuvres complexes, tester une séquence d’allumage et d’extinction des moteurs, puis revenir en douceur sur la terre ferme.

Il s’agissait, en somme, de reproduire le test du SN8, survenu le 9 décembre, mais avec l’espoir d’un final différent. En effet, avec le SN8, tout s’était très bien passé, sauf à l’atterrissage : un problème de pression dans un réservoir l’a empêché d’avoir une poussée suffisante pour décélérer suffisamment au moment du retour. Résultat : une arrivée trop rapide au sol, causant la destruction du SN8.

L’un des moteurs ne s’est pas rallumé

Malheureusement, SpaceX n’a pas réussi à écrire une fin différente avec SN9. Ou plus exactement, si, mais pas celle que l’entreprise américaine espérait. Car là encore, le SN9 a fini sa carrière dans une immense boule de feu. Sauf que cette fois, le problème qui a causé la destruction du prototype n’est pas un souci de pression, mais un incident moteur : l’un des trois utilisés lors du test ne s’est pas rallumé.

« Pendant la manœuvre de basculement à l’atterrissage, un des moteurs du Raptor ne s’est pas rallumé et a fait atterrir le SN9 à grande vitesse et a subi un RUD », explique SpaceX. Un RUD, acronyme de Rapid Unscheduled Disassembly, ou Rapid Unplanned Disassembly, qu’on traduit par Démontage rapide et non planifié, ou Démontage rapide et imprévu, c’est un terme élégant et un euphémisme pour dire que ça a explosé.

Pour qui a suivi en direct le vol du 2 février, qui a duré en tout environ un quart d’heure, l’issue fatale du SN9 pouvait être anticipée juste avant en constatant que le prototype était bien trop penché et arrivait beaucoup trop vite sur son site d’atterrissage pour que ça se passe bien. Impossible dans ces conditions de se poser en douceur et correctement sur son train d’atterrissage.

Comme pour le SN8, c’est sans doute cette conclusion dans une gerbe de feu que l’on va retenir du test SN9. Pourtant, il faut néanmoins observer que toutes les précédentes autres étapes se sont manifestement bien déroulées : l’ascension jusqu’à une dizaine de kilomètres en altitude, l’extinction programmée et séquentielle des moteurs, la bascule sur le flanc et son retour sur le pas de tir.

« Le SN9 était propulsé pendant la montée par trois moteurs Raptor, chacun s’arrêtant en séquence avant que le véhicule n’atteigne son apogée », commente SpaceX. « Le SN9 a effectué avec succès une transition de propulsion vers les réservoirs internes du collecteur, qui contiennent le propergol d’atterrissage, avant de se réorienter pour une rentrée et une descente aérodynamique contrôlée », ajoute la société.

Pour SpaceX désormais se pose la question de savoir comment surmonter l’obstacle de l’atterrissage, qui est de toute évidence sa faiblesse actuelle avec le prototype Starship. Le modèle SN10 sera le prochain à tenter sa chance. D’autres tests sont attendus en 2021. Et si tout se passe bien, il est possible qu’un vol inaugural du Starship survienne dès le mois de novembre. Sauf si les crashs persistent.

By Julien Lausson

Numerama.com

« Hold-up », le documentaire sur le Covid-19 confronté aux faits scientifiques

Dans le film « Hold Up – retour sur un chaos », Pierre Barnerias et Christophe Cossé affirment vouloir répondre aux questions autour du coronavirus. La réalité est plus compliquée.

SCIENCE – C’est ce qu’on peut appeler un succès fou. Sorti mercredi 11 novembre, le documentaire consacré au Covid-19 “Hold Up – retour sur un chaos” se retrouve au coeur des discussions dans de nombreux médias et sur les réseaux sociaux.

Sur la plateforme de financement participatif Tipeee, la société de production Tprod est passée en 24 heures de 28.000 euros de financement mensuel à plus de 110.000 euros, comme le rappelle le chercheur spécialiste du numérique et des milieux complotistes Tristan Mendès-France. Les différents extraits du film diffusés sur les réseaux sociaux accumulent des centaines de milliers de vues. Et vu les sommes déjà engrangées, l’objectif de 200.000 euros par mois pour le rendre disponible gratuitement pourrait bien être vite atteint.

Mais que dit exactement ce documentaire, accusé de colporter un message complotiste? Le HuffPost l’a regardé dans son intégralité et vous propose ci-dessous de revenir sur quelques-unes des fausses informations propagées par “Hold-Up” sur le coronavirus et la gestion de cette pandémie mondiale. Cet article sera régulièrement mis à jour.

Le “Great Reset”

Avant de rentrer dans le détail, il faut revenir sur la thèse principale de ce documentaire, qui met deux heures à apparaître à l’écran. Selon “Hold-Up”, cette pandémie a été organisée par des élites du monde politique, économique, intellectuel, technologique, afin de mettre en place un “Great Reset”, une “grande réinitialisation” de la société.

Le Forum économique mondial a bien prévu d’organiser une grande réunion en janvier 2021. Cela a même été annoncé dans un communiqué en juin. Ce projet vise à imaginer un “système économique et social pour un avenir plus juste, plus durable et plus résistant” face aux pandémies, au changement climatique et aux autres défis.

S’il est parfaitement légitime de débattre de la véritable utilité du Forum économique mondial et de cette réunion, affirmer que ce “Great Reset” est pensé depuis longtemps est factuellement sans consistance. Aucune preuve n’est présentée par le documentaire allant dans ce sens.

Toujours sans preuve, les auteurs affirment que le but de cette pandémie pour les élites mondiales est à la fois de détruire une partie de l’humanité inutile, mais aussi de faciliter le déploiement de la 5G pour mieux contrôler l’argent, via la virtualisation de la monnaie par l’intermédiaire des cryptomonnaies.

Cela peut sembler très gros, dit comme ça. Mais après deux heures de débats sur les origines du coronavirus, sur l’impact réel du Covid-19, la mortalité, les traitements, l’éthique du confinement, on a légitimement envie d’entendre une solution permettant d’expliquer tout cela.

Sauf que justement, une écrasante majorité de ce que l’on a entendu avant est également soit faux, soit exagéré, soit détourné. Voici des exemples. Beaucoup sont des théories du complot ou des approximations utilisées depuis des mois.

L’efficacité de l’hydroxychloroquine 

C’est l’un des sujets qui a entraîné le plus de débats et le plus de polarisation, sur les réseaux sociaux, mais aussi chez les médecins et les hommes politiques. Il est donc logique que Hold Up s’empare du sujet.

Les affirmations sur ce sujet sont très nombreuses et il serait vain d’essayer d’en refaire le tour. Il est par contre clair que le documentaire affirme que l’hydroxychloroquine est un traitement très efficace contre le Covid-19. Hold Up affirme également que si ce médicament n’a pas été autorisé, c’est justement car un complot d’envergure visait à ce que le coronavirus ne puisse être traité jusqu’à l’arrivée d’un vaccin.

Après plusieurs mois de débats, il y a pourtant des choses claires à dire sur la chloroquine. D’abord, il faut rappeler que lors des premiers mois de la pandémie, on ne savait pas quoi faire contre le coronavirus. Il est donc logique de tester des médicaments existants, comme la chloroquine, ou encore le Remdesivir (très critiqué dans Hold Up car émanent du laboratoire Gilead, censé faire partie d’un grand complot).

Certaines molécules semblaient efficaces selon des résultats très partiels. Dont l’hydroxychloroquine, alors vantée par Didier Raoult. La question de savoir s’il fallait laisser les médecins prescrire est un débat à part entière (plus d’informations ici). Il est par contre clair que la médiatisation de ce débat, notamment du fait des sorties du professeur de l’IHU de Marseille ou des déclarations de Donald Trump, n’ont pas aidé à apaiser ces controverses pourtant courantes dans le milieu médical. Et ont eu des effets indésirables.

Mais depuis, les choses ont évolué. Car derrière ces débats éthiques, il y a une recherche scientifique qui a essayé d’avancer vite (plus de détails ici), pour produire des études de qualité, robustes, permettant de dire avec beaucoup plus de certitude si ces médicaments existants testés dans l’urgence étaient d’une quelconque utilité face au Covid-19.

Hold Up parle également énormément de la fameuse étude publiée dans The Lancet, qui a conduit l’OMS a suspendre (puis à reprendre) son analyse de l’efficacité de l’hydroxychloroquine. A raison. Ces problèmes ont été évoqués par les scientifiques, par les médias (résumé ici). L’étude a été rétractée par la revue scientifique et la recherche a continué à avancer. Par contre, Hold Up ne fait pas état des nombreuses approximations et contre-vérités dites par Didier Raoult dans ses différentes interviews ou certaines de ses études.

Toujours est-il qu″aujourd’hui, après tous ces débats et toutes ces polémiques, on en sait beaucoup plus sur le Covid-19. L’un des seuls médicament avec une efficacité vraiment prouvée par des essais cliniques en double aveugle, bien encadrés, est la dexamethasone, sur laquelle personne n’avait vraiment parié. A l’inverse, de très nombreux essais cliniques ont rendu leur conclusion sur la chloroquine. Les deux plus grands celui de l’OMS (solidarity), de l’université d’Oxford (recovery) vont dans le même sens: l’hydroxychloroquine n’a pas d’effet.

Des chercheurs ont également réalisé une meta analyse et n’ont trouvé aucun impact. Cette étude est critiquée de manière très virulente dans Hold Up, pourtant, la majorité des autres analyses similaires vont dans le même sens.

Le masque pour les non-malades est une “aberration”

Le médecin nutritionniste (opposé aux vaccins) Pascal Trotta affirme dans “Hold-Up” que “les médecins qui imposent le masque à ceux qui ne sont pas malades sont des jean-foutre, des médecins de Molière”.

L’utilité du masque a été longuement débattue au début de l’épidémie, comme nous l’avons expliqué plusieurs fois. Et sans parler des erreurs des différents gouvernements, même les scientifiques n’étaient pas d’accord. Mais après plus de 11 mois, il y a des choses que l’on sait et qui constituent un consensus scientifique. Celui-ci se crée par l’accumulation d’études, d’essais, d’analyses, d’observations.

Celui-ci est très clair: il est possible pour une personne infectée par le coronavirus de transmettre la maladie sans avoir de symptôme. Notamment dans les 48 heures qui précèdent l’apparition des symptômes. Il est également de plus en plus clair que le masque diminue le risque de contamination.

Logiquement, si le coronavirus circule beaucoup dans une population, demander de porter le masque doit réduire la proportion de présymptomatiques ou asymptomatiques qui vont contaminer des personnes saines.

Il y a eu une prime pour les médecins faisant de la “délation”

Le documentaire affirme que les médecins ont eu une prime pour signaler des cas Covid-19 et leurs personnes contact. La question a, il est vrai, fait débat en mai, lorsque le gouvernement mettait en place sa stratégie de déconfinement, notamment basée sur le traçage des contacts.

Mais comme le rappelait à l’époque Libération, la rémunération pour ce travail de traçage a été évacuée lors de la finalisation de la loi en commission paritaire par les parlementaires. Il est par contre vrai que pour un patient malade dont le test PCR confirme qu’il est bien touché par le coronavirus, le médecin a une majoration.

Pourquoi? L’assurance maladie expliquait à Libération: “Cette majoration correspond à la valorisation de l’annonce du test positif, la prescription des tests pour les cas contacts proches […], l’information donnée au patient sur les mesures barrières, l’enregistrement dans l’outil “Contact Covid” du patient et des cas contacts proches”.

L’OMS a interdit les autopsies sur les morts du Covid-19

Dans “Hold-Up”, on entend un médecin préciser que les autopsies sont utiles pour savoir comment mieux traiter les patients atteints de Covid-19. Juste avant, le documentaire affirme que l’OMS avait justement interdit les autopsies.

Il suffit pourtant d’aller sur le site de l’Organisation mondiale de la santé pour se rendre compte qu’il n’en est rien. Dans un document publié le 24 mars sont listées les précautions à prendre dans le cadre d’une autopsie sur un patient décédé de Covid-19 afin d’éviter une possible infection. Cet article de l’AFP propose un point détaillé sur cette question.

Le virus a été créé dans un laboratoire

C’est l’une des théories qui a le plus circulé sur les réseaux sociaux. Et ce dans de très nombreuses formes. Dans “Hold-Up”, si quelques intervenants expliquent ne pas avoir la réponse sur les origines du Sars-Cov2, certains sont plus catégoriques. À l’instar de Jean-Baptiste Fourtillan, anti-vaccin connu pour avoir participé à un essai clinique sauvage dans une abbaye, qui affirme que le nouveau coronavirus est un Sras modifié génétiquement avec des bouts du génome de la malaria. Preuve en est: des brevets existent.

L’origine du Sars-Cov2 est encore floue, mais cette hypothèse d’une modification génétique est rejetée par la communauté scientifique, surtout que ces brevets ne veulent pas du tout dire que le virus a été “créé” des années plus tôt, comme nous l’expliquions en mars.

Le génome du coronavirus, étudié en détail depuis 11 mois, ne semble pas accréditer la thèse d’une modification humaine pour diverses raisons (plus de détails ici). Cette thèse avait notamment pris de l’ampleur après une enquête des services de renseignements américains en avril qui a finalement conclu que le Sars-Cov2 n’avait pas été fabriqué par l’homme.

La communauté scientifique ne sait toujours pas exactement comment celui-ci a touché l’homme. Un hôte intermédiaire, tel le pangolin, aurait pu être faire le lien entre la chauve-souris et l’homme, mais le débat reste ouvert.

Une loi pour le confinement dès 2019

Au bout d’une heure trente, “Hold-Up” commence doucement à entraîner le spectateur sur la piste d’un complot prévu de longue date, une manière de préparer le terrain à la thèse d’un “Great Reset” fomenté dans l’ombre. Le documentaire évoque alors une loi française qui aurait rendu “légal le confinement”… dès décembre 2019.

Interrogée, la députée Martine Wonner, exclue du groupe LREM pour ses positions (parfois contestables) sur le coronavirus, s’interroge. “C’est très étonnant, je vous avoue que c’est quasiment passé sous silence”, expliquant qu’on “peut se poser la question”.

Le texte en question n’est pas précisé, mais on retrouve sur le site du Sénat une “proposition de loi relative à la sécurité sanitaire” datant du 5 décembre 2019. Y sont évoquées des “mesures d’éviction et de maintien à domicile” pour “les personnes présentant un risque élevé de développer une maladie transmissible”. Un autre article de la proposition évoque des mesures d’isolement contraint “lorsqu’une personne atteinte d’une maladie transmissible hautement contagieuse crée, par son refus de respecter les prescriptions médicales d’isolement prophylactique, un risque grave pour la santé de la population”.

Mais il suffit de regarder l’exposé des motifs de cette loi pour remettre tout cela en contexte et comprendre qu’il y avait des raisons antérieures au Covid-19 pour justifier cette loi. “Notre pays se heurtant à des difficultés grandissantes face au développement des maladies vectorielles transmises par les insectes, telles que la dengue, le chikungunya, le zika, la fièvre jaune”, affirme le sénateur Michel Amiel. Quelques mois plus tôt, le virus Zika a été contracté pour la première fois en France métropolitaine.

Le sénateur évoque également le retour de la rougeole qui met en évidence “que l’État ne dispose pas de tous les moyens d’action nécessaires”. En 2019, la France est en effet pointée du doigt avec d’autres pays face au retour de cette maladie qu’on croyait maîtrisée. Le fait que la population française soit l’une des plus opposées aux vaccins n’y est pas étranger.

By Grégory Rozières Chef de rubrique C’est Demain, Science, Techno